Un Père (il va mourir) réunit autour de lui les personnes qui lui sont le plus cher.
Comme une prémonition, ce « mal être » du Père annonce quelque chose de plus trouble :
l’arrivée de son frère (oublié) « qui rien que par sa présence a causé déjà tellement de troubles »…

Une lettre est adressée à sa Femme.
Une lettre livrée par Aurélio (un ami disparu depuis la fin de la guerre civile)…
Une lettre qui ne contient pas un contenu précis, puisqu’elle est écrite en une langue inconnue de tous…
À moins que cette langue (codée) soit là pour faire resurgir tout un monde souterrain, depuis toujours, nié par cette famille…
Les suppositions vont bon train, tous sont mis à nu, labourés intérieurement par ces périodes troubles, tout ce passé violent qui semble prêt à refaire surface.
Le plus troublant : ce « porteur de lettre » ne cesse d’affirmer qu’il ne sait pas comment la lettre a atterri dans sa poche (sans doute pendant qu’il est au petit coin ?).

Dans les hypothèses évoquées, la plus terrible (pour le mari surtout) semblerait être le retour de William…Qui est donc ce William pour susciter tant de mouvements passionnels chez chacun des personnages ?
Une horreur surgira-t-elle ?
Non, puisque les personnes de la pièce en question semblent maîtriser le sujet.
Alors quoi?
Ça gratouille du côté du mythe de Dionysos (un peu)… Ce William dont tout le monde parle est capable de frapper de démence les personnes qu'il rencontre...
Cela gratouille aussi du côté du mythe de Thyeste ! Oui… car une jalousie féroce tiraille l'un des personnages... L'air de rien...

L’histoire oscille entre un monde concret, fait de situations concrètes et un monde à la lisière d’un imaginaire intemporel…
À l’image du Coiffeur (qui l’exprime explicitement), beaucoup d’entre eux ne se sentent pas à leur place, se sentent inutiles… Font ce qu’il faut pour se donner l’impression d’exister…

Le doute comme une arme fabuleuse leur tord les boyaux…