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La Jeune fille et la mort

+ d'infos sur le texte de Ariel Dorfman traduit par Gabriel Auer
mise en scène Georges Guerreiro

: Présentation

Une jeune république d’Amérique Latine, hantée par son récent passé de dictature.
Dans une maison isolée en bord de mer, Paulina, ex-militante emprisonnée et torturée durant l'ancien régime, vit aux côtés de son époux Gerardo, brillant avocat promis à un grand avenir politique.


Une nuit d’orage, Gerardo tombe en panne de voiture sur la route qui l’amène chez lui, il est raccompagné par le Docteur Miranda.


Aussitôt, Paulina croit reconnaître en ce visiteur son ancien tortionnaire. Décidée à confondre Miranda et à se venger, elle convainc son mari de jouer l'avocat de la défense. Très vite "le procès" bascule...




« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit.
Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas Juif.
Quand ils sont venus chercher les Catholiques,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait plus personne pour prendre ma défense. »


Martin Niemoller




Intentions du metteur en scène


le thème


Le thème de « La Jeune Fille et la Mort » dont s’inspire Ariel Dorfman est un thème ancestral. tortueux, où s'affrontent l'innocence et la perversité qui introduisent à la notion de victime et de bourreau et à celles d'honneur et de vengeance.


Dans cette pièce, une figure féminine est confrontée aux démons de la mort. Ces démons mortels incarnent les profondes cicatrices - lâcheté, horreur, folie, paranoïa - laissées par la dictature militaire dans un pays d’Amérique latine.


La pièce « La Jeune Fille est la Mort », traite de l’éternel conflit entre justice et devoir de mémoire, de la destruction de l’homme par l’homme et de sa capacité à affronter des situations extrêmes.


la dramaturgie


Les éléments dramaturgiques sont simples. Un lieu unique, la maison des Solas où Paulina reste seule la majeure partie du temps. Un espace qui est le symbole de sa claustrophobie. Un espace-temps très court, qui permet de concentrer la force dramaturgique. C’est à travers un huis clos qu’Ariel Dorfman nous fait part de ses questionnements sur notre capacité à devenir ou rester humains.


les personnages


Les personnages sont trois figures emblématiques : Paulina est la figure et la conscience de toutes les victimes, le docteur Miranda celle de la dictature et une image du mal et Gerardo celle des gouvernements, des politiciens et de la démocratie. Tous trois sont plongés dans cette paranoïa qui a pris son essence dans le système dans lequel ils ont vécu et restera à jamais gravée dans leur mémoire et leur comportement. Dès lors, tels trois fantômes dont les âmes errent à la recherche d’apaisement, ils ne pourront plus se réconcilier avec le réel et avec la vie, obsédés par cette même folie dangereuse de vouloir se rendre justice.


Paulina cherche à réduire son bourreau en victime, Miranda veut à tout prix se déculpabiliser et Gerardo, seulement préoccupé d’accéder au pouvoir sans bavure, ne peut pas tenir compte des souffrances endurées par sa femme. Ils restent enfermés dans leurs schémas.


le décor & la lumière


Je désire créer un univers à partir des comédiens et de la scénographie. Le décor est simple, à l’image d’une marée qui dépose des objets sur le sable, et ne ramène rien. Pour Paulina, ce sont les objets de la période qu’elle a passée en prison, objets de torture à jamais gravés dans sa tête.


Le travail de lumière accentue les images de ce monde qui bascule dans la tête des trois protagonistes. La lumière souligne l’absurde d’un réel faussement apaisé.


Les deux éléments sont travaillés pour créer chez le public un sentiment de détresse qui génère un questionnement. C’est au spectateur de faire son chemin et c’est ce qui fait la force d’un tel texte.




Motivations


« La Jeune Fille et la Mort », à travers ce procès que Paulina préside en solitaire aux dépens de son mari et de son tortionnaire, nous interrogent sur nos raisons d'agir et entraîne un grand nombre de questions morales, civiques et collectives que nous voulons simplement transmettre.



Doit-on faire l’analyse psychologique d'un monstre ?


Doit-on considérer le malheur du bourreau ?


Que faire du malheur de la victime ?


Comment le bourreau et la victime peuvent-ils cohabiter dans le même pays, voir dans le même monde ?


Doit-on tout sacrifier à la vérité ?


Comment atteindre la vérité si le mensonge est un mode de survie partagé par tous ?


Comment préserver la mémoire sans en devenir le prisonnier ?


Comment oublier en évitant que les horreurs recommencent ?


Faut-il sacrifier la vérité pour préserver la paix civile dans un pays ?


Comment répondre à ces questions sans détruire le fragile consensus national de nos démocraties?

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