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L'Apprentissage

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Sylvain Maurice

: Entretien avec Alain Macé, comédien (extrait)

Alain Macé :


Une chose qui est quand même très solide et très attachante, il faudra vérifier si ça tient dans l’avenir, c’est qu’il écrit drôlement bien. Il a un sacré coup de plume. On sent qu’il y a un fond de langue 18e avec laquelle il s’amuse. Et en même temps, sa manière de ramasser les morceaux de la langue, puisqu’il ramasse aussi la langue d’une certaine manière, c’est d’en

passer par l’oralité. On a vraiment l’impression qu’il s’inspire de l’oralité pour écrire, qu’il reformule évidemment.

Yann Richard :
Les personnages sont toujours à la recherche de la formulation juste...

Alain Macé :
Oui, il y a du « repentir », pour exprimer la difficulté de fixer quelque chose. Ça correspond bien à cette époque où les gens bafouillent. Son style rend compte de comment on s’exprime, cette espèce de division et d’effritement du langage dans lequel les gens sont pris pour exprimer quelque chose de leur vie, de leur histoire. Et en même temps il veut aller de l’avant. Ce qui est très lié à l’oralité aussi. À partir du moment où il parle, il vit. C’est pour ça qu’il parle jusqu’au bout : il fait le voyage jusqu’au bout. Il est avec les gens, dans l’atmosphère du théâtre. Il aimait ça, il adorait ça. C’est ce voyage-là, Le Voyage à La Haye. Et L’Apprentissage est aussi un voyage, c’est une halte un peu particulière, mais à mon sens, c’est un voyage... Au moment où Jean-Luc écrit L’Apprentissage, il prépare une mise en scène du Malade imaginaire. Je trouve ça assez touchant. Encore une fois, Jean-Luc est très cultivé, il possède vraiment l’histoire du théâtre. Et là il prend Le Malade imaginaire et Molière avait fait la même chose que lui. Aujourd’hui, on pense que Le Malade imaginaire est une pièce comme une autre, on ne pense pas à la subjectivité de Molière quand il l’écrit. Molière est quand même mort en jouant cette pièce, c’est une pièce très noire. Et Jean-Luc en repasse par là dans L’Apprentissage : il donne à penser qu’il pourrait être malade alors qu’il joue à ne pas l’être et à s’imaginer qu’il le serait. Évidemment, ça lui permet de construire quelque chose de l’ordre du récit, puisqu’il parle de « celui qui raconte », « on me raconte... », il joue avec ce genre de formules. On sait qu’il est là par-derrière, mais il joue avec le discours, avec les différents degrés de récit.

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