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L'Homme dans le plafond

+ d'infos sur le texte de Timothy Daly traduit par Michel Lederer
mise en scène Isabelle Starkier

: Note d'intention

Après être venu découvrir Le Bal de Kafka – spectacle jusqu’à présent inédit en France, qui a connu un vrai succès critique et public lors de sa présentation à Paris de février à avril 2008 et poursuit sa tournée en France, avant d’être présenté au Théâtre des Halles dans le cadre du Festival d’Avignon 2009 –, Timothy Daly, prolixe et génial auteur australien, m’a proposé de monter sa nouvelle pièce, qui vient d’être récompensée en Australie et doit être montée très prochainement au Théâtre national de Sydney.


Cette merveilleuse rencontre et la chance formidable de pouvoir travailler avec un grand auteur contemporain ainsi qu’avec son traducteur (avec qui j’avais retravaillé les sens et les coupes pour l’adaptation du Bal de Kafka) m’ont amené à rêver d’une prolongation de cette collaboration artistique. Rêver d’un travail en commun non seulement avec les acteurs de ma troupe – tous très soudés autour du projet qu’ils portent sur scène depuis deux ans –, la costumière, le décorateur et les techniciens, mais aussi avec un auteur – aussi lointain soit-il.


Le projet de la pièce
L’homme dans le plafond n’est pas sans rappeler Le Bal de Kafka bien que la thématique soit très différente. Quelques mois avant la fin de la 2e guerre, un juif est recueilli contre loyer et menus services et hébergé clandestinement dans leur grenier par un couple d’allemands qui le tiennent plusieurs mois durant dans l’ignorance lorsque la guerre prend fin, ceci pour toucher l’argent mais aussi par un savant et complexe jeu relationnel – qui tient tant du sadisme et que de l’attachement… Cette pièce très décalée, entre l’histoire vraie et le mauvais rêve – avec ce personnage enfermé entre ciel et terre, un narrateur qui commente les scènes, les relations entre les personnages qui se font en direct via un micro et la violence policée qui ressurgit dans une forme d’animalité des personnages – présente un potentiel onirique qui a le mérite d’introduire un effet de distanciation du réel au profit du poétique et de la métaphore de ce microcosme historique et qui a résonné pour moi dans le choix des artistes, de l’espace, des costumes.


Les artistes d’abord :


Ce projet est lié au désir de poursuivre l’amitié et la complicité théâtrale qui me lient à Sébastien Desjours (Franz Kafka) dans le rôle de « l’homme» ; à Pierre-Stefan Montagnier (Le Père de Franz) dans le rôle du mari allemand ; à Michèle Brûlé dans le rôle de la narratrice ; à Léonore Chaix dans le rôle de la voisine.



Le décor ensuite :


Imaginer ce juif terré dans le grenier – paradoxe scénographique –, au-dessus d’un couple infernal et entouré du no man’s land de l’Allemagne d’alors, espace dans lequel rôde la voisine, en Cerbère, avec un lieu hors-jeu (celui du Narrateur), tout ceci m’a donné envie de travailler sur une image géométrique (deux quadrilatères inversés) qui permet la simultanéité et délimite l’aire de jeu de « l’intérieur » cerné par l’extérieur. Un triangle en pente grimpante pour le grenier et un triangle en pente descendante, vers le public juste au-dessous, pour la pièce commune du couple. Autour, le plateau nu où se meut la voisine, ombre permanente… Ailleurs, en avant-scène, sur un praticable en avancée dans le public : le Narrateur.


Les costumes et masques :


Pour accentuer l’animalité policée des personnages et tirer le fait-divers vers la métaphore poétique et le microcosme philosophique de l’humanité que porte la pièce, l’idée nous est venue de faire porter, justement, à tous les acteurs des masques d’animaux sur des costumes très humains (complets, tailleurs…) – masque de la souris pour l’homme du grenier ; masque de chat, de cochon ou de chien pour les autres ; entre « Peines de coeur d’une chatte anglaise » et « Maus »…


Quant à l’humeur, comme pour Le Bal de Kafka, l’écriture de Timothy Daly nous emmène toujours vers le tragi-comique des plus terribles situations, celui qui rend les humains si ridicules et pathétiques, odieux et attachants… Le rire sera donc au rendez-vous, et le rêve, et le désir, derrière l’émotion, de regarder l’humanité dans ce qu’elle a de plus tragique mais aussi incroyablement magnifique, parfois.

Isabelle Starkier

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