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L'Atelier d'Alberto Giacometti

+ d'infos sur le texte de Jean Genet
mise en scène Muriel Pascal

: Vers une mise en acte

Le texte évoque deux artistes dans un atelier. Un hommage mutuel à Giacometti et Genet . Lʼexistence de ce tableau est le témoin de cette rencontre, le sculpteur portraiture le poète. Hommage pour hommage, il reste des traces, un tableau, une peinture. Cʼest à partir du portrait que la mise en scène se définit.
Ici, ne sera représenté ni un atelier, ni ses deux protagonistes. Le parti pris de mise en scène est tout autre. Nous nʼallons pas entendre le texte par lʼintermédiaire des personnages Genet/Giacometti, mais par le témoin de cette rencontre : le portrait. Un témoin idéal, discret et silencieux. Et pour ce faire, nous allons transposer ce récit, afin de le mettre en valeur, dans un autre lieu : un musée. Exposé au beau milieu dʼune salle de musée, le portrait va prendre la parole, sortir de son cadre et témoigner de ce quʼil a vu et entendu.


Sur le plateau sera planté un décor minimaliste : trois panneaux suspendus à un espace vide. Des décors pour une scénographie mise en place par Olivier Laffont.


Lʼaction du récit se déroulera la nuit. La thématique de la nuit est chère aux créations de lʼEstaminet : la nuit et ses mystères, ses secrets, ses blessures, la nuit étant propice à celui qui soupire, comme le dit Apollinaire. La nuit est le refuge des solitaires blessés, en quête dʼeux-mêmes, où lʼanimal et lʼhomme revêtent la même apparence, se confondant par leur attitude, fugitifs, craintifs, à lʼaffût et à lʼécoute du monde qui les entourent, prêts à bondir, une sensibilité qui dicte leur instinct. La nuit est propice aux déliements des langues les plus nouées. Elle incite au bavardage. Le corps dissimulé, lʼesprit se libère.


" Trouver la bonne distance " : cette préoccupation constante de lʼartiste concernant la disposition de ses oeuvres dans le musée passe par le trouble. Et lʼon ne peut plus y reconnaître que lʼessence irréductible de lʼhumanité, silhouettes réduites ou indéfiniment allongées qui étirent, selon les mots de Jean Genet, leur " beauté dʼaiguille " pour parler aux morts.


Cette question de la distance nous la retrouvons aussi sur un plateau de théâtre. Des panneaux seront disposés de telle sorte quʼils créeront une perspective, un champ de profondeur. Le panneau sur lequel est fixé le tableau sera placé en fond de scène.
Ce panneau, fixé sur des roulettes, va être mouvant. Il supporte le tableau qui est composé de deux parties : le cadre au fond sur lequel est peint le personnage, et le dit personnage/comédien qui à la façon dʼun trompe lʼoeil se détachera du fond du tableau. Les deux autres toiles, immobiles, vont être positionnées sur les côtés latéraux de lʼavant scène.
Le panneau du fond de scène avancera, vers lʼavant scène, au niveau des deux autres. Cette évolution dans lʼespace se fera progressivement, le temps du récit, de manière imperceptible. Le public verra donc le tableau vu de loin, puis vu de près, comme il lʼaurait fait sʼil se trouvait dans un musée.


Giacometti appréhende le réel de manière singulière, avec acharnement. Son rapport particulier à lʼespace vise une esthétique liée à la problématique de la fuite de la réalité, thème obsédant.
Cette création aux allures fantastiques, place le récit dans une écoute de ligne de fuite de la réalité. La bande sonore (écho des derniers pas de visiteurs) va aider à cette envolée mystique : le public installé, sera aussitôt plongé dans une ambiance particulière. Peut-être aurait-il la sensation dʼêtre à une place privilégiée, enfermé par inadvertance à lʼintérieur du musée.
A ce moment-là lʼétrange survient, une respiration, un phénomène surnaturel : le tableau de Giacometti représentant Jean Genet assis sʼéveille à la vie…

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