: Vers une mise en acte
Le texte évoque deux artistes dans un
atelier. Un hommage mutuel à Giacometti
et Genet . Lʼexistence de ce tableau est le
témoin de cette rencontre, le sculpteur
portraiture le poète. Hommage pour
hommage, il reste des traces, un tableau,
une peinture. Cʼest à partir du portrait que
la mise en scène se définit.
Ici, ne sera représenté ni un atelier, ni ses
deux protagonistes. Le parti pris de mise
en scène est tout autre. Nous nʼallons pas
entendre le texte par lʼintermédiaire des
personnages Genet/Giacometti, mais par le
témoin de cette rencontre : le portrait. Un
témoin idéal, discret et silencieux. Et pour
ce faire, nous allons transposer ce récit,
afin de le mettre en valeur, dans un autre
lieu : un musée. Exposé au beau milieu
dʼune salle de musée, le portrait va prendre
la parole, sortir de son cadre et témoigner
de ce quʼil a vu et entendu.
Sur le plateau sera planté un décor minimaliste : trois panneaux suspendus à un espace vide. Des décors pour une scénographie mise en place par Olivier Laffont.
Lʼaction du récit se déroulera la nuit. La thématique de la nuit est chère aux créations de lʼEstaminet : la nuit et ses mystères, ses secrets, ses blessures, la nuit étant propice à celui qui soupire, comme le dit Apollinaire. La nuit est le refuge des solitaires blessés, en quête dʼeux-mêmes, où lʼanimal et lʼhomme revêtent la même apparence, se confondant par leur attitude, fugitifs, craintifs, à lʼaffût et à lʼécoute du monde qui les entourent, prêts à bondir, une sensibilité qui dicte leur instinct. La nuit est propice aux déliements des langues les plus nouées. Elle incite au bavardage. Le corps dissimulé, lʼesprit se libère.
" Trouver la bonne distance " : cette préoccupation constante de lʼartiste concernant la disposition de ses oeuvres dans le musée passe par le trouble. Et lʼon ne peut plus y reconnaître que lʼessence irréductible de lʼhumanité, silhouettes réduites ou indéfiniment allongées qui étirent, selon les mots de Jean Genet, leur " beauté dʼaiguille " pour parler aux morts.
Cette question de la distance nous la retrouvons aussi sur
un plateau de théâtre. Des panneaux seront disposés de
telle sorte quʼils créeront une perspective, un champ de
profondeur. Le panneau sur lequel est fixé le tableau sera
placé en fond de scène.
Ce panneau, fixé sur des roulettes, va être mouvant. Il
supporte le tableau qui est composé de deux parties : le
cadre au fond sur lequel est peint le personnage, et le dit
personnage/comédien qui à la façon dʼun trompe lʼoeil se
détachera du fond du tableau. Les deux autres toiles,
immobiles, vont être positionnées sur les côtés latéraux de
lʼavant scène.
Le panneau du fond de scène avancera, vers lʼavant
scène, au niveau des deux autres. Cette évolution dans
lʼespace se fera progressivement, le temps du récit, de
manière imperceptible. Le public verra donc le tableau vu
de loin, puis vu de près, comme il lʼaurait fait sʼil se trouvait
dans un musée.
Giacometti appréhende le réel de manière singulière, avec
acharnement. Son rapport particulier à lʼespace vise une
esthétique liée à la problématique de la fuite de la réalité,
thème obsédant.
Cette création aux allures fantastiques, place le récit dans
une écoute de ligne de fuite de la réalité. La bande sonore
(écho des derniers pas de visiteurs) va aider à cette
envolée mystique : le public installé, sera aussitôt plongé
dans une ambiance particulière. Peut-être aurait-il la
sensation dʼêtre à une place privilégiée, enfermé par
inadvertance à lʼintérieur du musée.
A ce moment-là lʼétrange survient, une respiration, un phénomène surnaturel : le tableau de
Giacometti représentant Jean Genet assis sʼéveille à la vie…
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