Sept femmes se croisent autour d’un enfant fugueur et d’un tapis volé. Chacune, sans forcément se connaître, a participé d’une façon ou d’une autre, volontairement ou pas, à ce micro drame.
Sept histoires comme sept ricochets dont les ondes refluent, résonnent se répercutent les unes aux autres. Sept femmes, toutes avec une dent qui leur fait mal, un caillou dans leur chaussure, une douleur plus ou moins brulante qui agit par intermittence. Pas vraiment de quoi vous empêcher d’avancer, à moins que...

De quoi sont faits les regrets qui émaillent nos vies? Confrontation à nos propres limites? Refus obstiné et parfois salutaire de s’adapter? Impossibilité de vivre plusieurs vies en une? Goût immodéré pour le conditionnel, j’aurais pu, j’aurais du. Violence de la société qui s’abat sur les plus faibles, étrangle les désirs naissants?
Chaque corps a son noeud plus ou moins secret. On souffle magiquement sur la douleur des enfants pour la faire disparaître. Peut-on aspirer les regrets avant qu’ils nous empêchent de vivre?
A moins que ces empêchements, ces mouvements contradictoires, ces renoncements, hésitations, oscillations, vibrations soient la face cachée de notre vitalité. Et pourtant, on le sait bien, certains n’en sont pas revenus.

Ce texte à danser est né à la demande de Frédéric Cellé. C’est la première fois que j’écris ce qui sera un support, une colonne vertébrale ou une toile de fond à une chorégraphie. Ce sera sûrement une gageure de trouver, à chaque fois, la place juste des corps et du texte. Je n’ai pas souhaité écrire peu ou de manière plus abstraite ; j’ai au contraire fait le pari d’une histoire, d’une saison, d’une époque, d’une parole qui se libère sous forme de témoignages adressés ou intimes. La parole comme flux, comme émanation du corps, au même titre que le mouvement ou que la sueur.

Chaque nouvelle aventure, nouvelle expérience, qui nous implique artistiquement, nous avons le souhait avec Vincent Garanger, en tant que directeurs du Centre Dramatique Régional de Vire, de la partager avec les Virois. Nous faisons donc partie des coproducteurs de ce projet.

Pauline Sales