Karna : Ô Mère, n'aie crainte. Je le dis : la victoire ira aux Pandavas. Depuis le fond de cette nuit, je peux clairement voir, éclairé par la lumière des étoiles, l'issue inévitable du grand combat. En ce moment de sérénité silencieuse, depuis le ciel sans fin, un songe descend jusqu'à moi ; un chant qui parle d'effort vain, de lutte sans espoir ; je vois la paix qui adviendra, dans le néant de la fin. Ne me demande pas d'abandonner celui des deux camps qui perdra. Laisse-les être victorieux, laisse-les devenir rois, vos fils Pandavas. Laisse-moi demeurer, comme toujours, avec ceux qui ne revendiquent aucun fruit ni ne connaissent au-cun succès. Tu m'as laissé à l'étreinte de la terre, la nuit de ma naissance, sans même un nom ou un foyer que je puisse dire miens. Aujourd'hui aussi, laisse-moi, sans pitié, abandonne-moi, mère à l'ombre ignominieuse de la défaite. Laisse-moi simplement cette bénédiction, si tu le peux : que la soif de victoire, de gloire et de richesse ne détourne pas ton fils du chemin des braves, de la voie vers la vérité.