Khyol’ est le dernier volet d’une tétralogie sur les quatre éléments nommée « Le fleuve aux quatre bras ».

Après la terre (les hommes désertés), l’eau (Rouge de la guerre) et le feu (Nul endroit du monde), c’est le vent dont il est question ici. Si l’air est invisible, la caresse du vent nous le rend accessible à nos sens.

L’invisible par le vent devient visible ou du moins palpable.

Pour moi, cela ne pouvait que résonner avec les fantômes de ces personnages qui, sans cesse viennent tourner autour de la feuille quand soudain, par la magie de l’écriture et celle du théâtre, ils décident de s’incarner dans le corps des acteurs et prendre possession de la scène.

Mon désir premier, celui qui m’a poussé d’abord dans ce travail a été de parler de la survivance. Des hommes survivants à de terribles tragédies, qui, en sauvant leur vie ont perdu une part d’eux même. Survivance des vivants donc, mais aussi celle des morts dans l’esprit de ceux qu’ils ont quittés.

Et puisqu’il s’agit de cela, puisqu’il s’agit de survivance, il m’est apparu comme une évidence, que l’acteur est celui qui vit et meurt à l’infini. Khyol’ sera donc acteur. Et même, le meilleur dit-on, oui, le meilleur acteur de l’humanité.

L’humanité, parlons-en. Il s’agit ici d’une fiction.

Même si des éléments appartenant à l’histoire du Cambodge sont incontestablement présents, les traces de ce petit pays ont été soigneusement recouvertes.

Ma démarche, celle qui sous-tend toutes les pièces de la tétralogie, a été de développer l’histoire en des régions volontairement mystérieuses pour que seule la portée humaine de la situation puisse nous concerner.

Au fond, s’il y a eu des crimes contre l’humanité, il faut que nous, en tant qu’homme, en tant qu’être humain venant de n’importe lieu de terre, nous puissions être touchés.

Et en cela, cet endroit de partage que cherche avidement ce texte est celui de l’humanité.

Randal Douc