theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Jojo au bord du monde »

Jojo au bord du monde

mise en scène Nino D'Introna

: D’un monde à l’autre

entretien réalisé par Blandine Dauvilaire, journaliste, en novembre 2006

Jojo au bord du monde est votre troisième pièce. A-t-elle été plus difficile à écrire que les précédentes ?


Stéphane Jaubertie : Je l’ai commencée l’été 2005, alors que je venais d’apprendre que j’étais lauréat des Journées d’Auteurs de Lyon pour Yaël Tautavel ou l’enfance de l’art, c’est une heureuse coïncidence. Elle a été plus longue à écrire que la précédente, sans doute parce qu’elle est plus complexe, à la fois dans sa structure et dans les thèmes abordés. Elle creuse davantage le thème de la solitude, de l’abandon, de la vieillesse, de la peur d’aller vers la vie pour l’enfant, comme de la peur d’aller vers la mort pour le vieillard.


Qui est Jojo ?


Jojo est un garçon, seul sur son bout de trottoir, avec pour unique compagnon un ballon dégonflé. Ses parents sont partis en voyage en le laissant tout seul à la maison. Il attend que la vie s’intéresse à lui. Surgit alors la jeune fée Anita, accompagnée de Jilette, sa mère, une vieille fée en fauteuil roulant qui perd complètement la boule, et dont elle a la garde, n’ayant pas assez d’argent pour la placer en maison de retraite. Pour lui rendre service, Jojo propose de garder la mémé, mais les choses ne vont pas se passer tout à fait comme prévu… Jilette disparaît et Jojo doit partir à sa recherche. Quitter son bout de trottoir pour aller vers l’inconnu.


C’est là que la pièce bascule dans un registre à la fois loufoque et dramatique.


Lancé à la poursuite de Jilette, Jojo traverse la forêt de la Grande Peur. Il va vers sa vie d’homme sans le savoir. En chemin, il croise un adolescent déjanté et paumé, Billy-Juan, qui est en fait le Petit Poucet qui a grandi. Ce dernier suit une cure de désintoxication dans une clinique psychiatrique tenue par deux frères mafieux, Kéjdi et Kéjfé Demal, à qui appartient aussi le bistrot d’en face. Cette clinique est fréquentée par d’autres héros complètement déglingués comme Batman, qui ne parle qu’en citant Léo Ferré, ou Blanche-Neige, obèse, dont on ne comprend pas un mot. En compagnie de Billy-Juan Poucet, Jojo poursuit sa quête. Il part chercher la mémé là où elle s’est réfugiée pour ne pas mourir : dans son coeur à lui.


Tout au long de la pièce, chacun chemine avec sa propre peur, celle de grandir ou de mourir, dans un monde où l’on est bien souvent livré à soi-même. Les rares personnages qui viennent briser cette solitude sont plutôt abîmés par la vie, que ce soit physiquement ou psychologiquement, et pourtant, ce sont eux qui vont transmettre le courage, la confiance, l’amour indispensables à tout être humain.


La transmission est essentielle dans la mesure où elle donne des clefs pour avancer. En l’occurrence, Jilette et Jojo vont s’entraider. Au départ, cette vieille femme ne veut pas mourir, parce qu’elle sent intuitivement qu’elle ne peut pas passer le relais à sa fille, trop préoccupée par ses propres difficultés. Soudain, avec ce gosse, elle peut lâcher prise, partir sereine parce qu’elle a transmis quelque chose, et qu’elle est dans le coeur disponible de quelqu’un. Elle accepte de mourir grâce à lui. En contrepartie, Jilette va pousser Jojo à aller vers l’amour en dépassant sa peur. Elle va l’aider à grandir en lui donnant le courage d’aller vers « ses inconnus ».


Au gré de ce parcours initiatique, Jojo découvre que personne n’est entré dans son coeur avant cette vieille femme, qu’il était entièrement vide.


Là encore, ce sont deux adultes qui lui donnent la clef de cette découverte, en lui suggérant de chercher Jilette non pas dans la forêt de la Grande Peur, mais dans son propre petit coeur. Je tenais beaucoup à cette scène où Jojo est dans son coeur avec sa mémé. Théâtralement, c’est un rendez-vous important pour le metteur en scène. C’est la continuité de la rencontre artistique formidable que nous avons vécue avec Yaël… . Je suis dans le même état d’esprit de confiance par rapport à la mise en scène, et surtout très heureux de continuer l’aventure avec l’équipe du TNG.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.