: Note d’intention
Une écriture de plateau
Jachère, comme trois des précédents projets de la compagnie, Savent-ils Souffrir ?,
Chaux Vive et Silures (voir dossier de presse ci-joint) sera une écriture de plateau.
C’est-à-dire que le spectacle s’écrira au fur et à mesure des 12 semaines de
répétitions. Le processus de travail tient principalement sur un long travail
d’improvisations. Le texte du spectacle est écrit à partir de ces expériences de
plateau, des improvisations dirigées, nourries par les lectures et les différentes pistes
de recherche énoncées. Couche par couche on repasse par les mêmes endroits, on
précise, questionne, affine, et la structure se dégage peu à peu.
Ce que je donne ici à lire ne peut donc être qu’un synopsis de départ, des pistes d’écritures, qui seront ensuite nourries par le travail d’improvisation et de recherche dramaturgique. Venant de la musique, j’ai eu vite envie quand j’ai commencé la mise en scène, de travailler comme un compositeur le ferait, en cherchant une structure d’ordre quasi musicale. Quel texte, son, vidéo, peut former ritournelle, peut revenir comme un leitmotiv, peut nous servir à harmoniser la structure d’ensemble ? Lesquels sont des éléments structurants et formeront la charpente, lesquels donneront couleurs et chair au spectacle ? Les textes à l’intérieur de Jachère auront plusieurs statuts et niveaux de langue. Soit des répliques courtes qui formeront ritournelles et qu’on retrouvera de loin en loin, soit des textes plus longs qui se tuileront avec d’autres textes pour former des brouhahas structurés et musicaux, soit des textes plus écrits, qui seront comme des charnières, et qui seront entendus pour eux-mêmes, tel quel.
Le processus sera le suivant : je donne à chaque comédien des zones de recherche,
d’investigations, qui aideront à préciser et à nourrir le travail d’improvisation.
Une période d’au moins trois semaines (la première session de répétitions) est
consacrée à ces improvisations, le but étant d’accumuler sans jugement des
propositions de plateau, des lignes de recherches, de plus en plus précises, de
provoquer des hasards de plateau, de laisser l’intuition nous conduire dans des
endroits imprévus.
Ensuite, il s’agira, dans ce trop plein de propositions, parmi les trois ou quatre formes
possibles avec ce matériau, de tracer une ligne de crête, de tracer une structure
précise, d’affiner la dramaturgie de l’ensemble, de mettre en résonance les textes,
trouver leur forme, leur juste place dans la structure au regard des sons, des
séquences muettes, des chants, des vidéos.
C’est un travail d’écriture au sens large du thème. Nous sommes des êtres de
langage, structurés par notre besoin de penser, de formuler, de construire des
phrases qui tentent de traduire nos mouvements intérieurs. Un chorégraphe écrit des
phrases chorégraphiques et travaille avec une structure, un musicien de même.
L’écriture de plateau se situe au croisement de plusieurs arts, mais la gageure est la
même, c’est-à-dire élaborer une écriture.
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