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J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Mathilde Boulesteix

: Notes dramaturgiques

par Mathilde Boulesteix

À l’origine de ce projet, il y a la séduction des mots de Lagarce, de ce théâtre de l’intime où chaque mot est une respiration en quête d’existence. Pour nous parler du monde, Lagarce a choisi de nous montrer une parole en acte qui tente de l’appréhender au plus près de la réalité. Tentative vaine et désespérée qui conduira chacun à s’en remettre finalement au silence après avoir traversé les chemins sinueux qui mènent de la pensée aux mots. Lancée à plume perdue à la recherche de l’infinie précision, l’écriture de Lagarce nous entraîne dans les méandres d’une phrase qui redoute le point, d’un rythme lancinant et envoûtant qui berce par ces lenteurs et ses répétitions et d’une situation figée dans une réexposition permanente d’elle-même. Nous sommes plongés au cœur du drame d’une parole qui s’enferme peu à peu dans une litanie répétitive et obsessionnelle à force de se noyer dans le vouloir dire au mieux.

Écrite dix-huit mois avant la mort de Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne se présente comme une tragédie de l’attente, les cinq femmes sont condamnées à errer dans cette maison qui a cessé de vivre lorsque le jeune frère est parti.
À présent, les femmes sont là, au bord du gouffre, incapables de s’en éloigner ou d’y plonger définitivement. L’attente se poursuit donc : on raconte le passé, on imagine l’avenir, on chuchote des histoires…
Chacune tente d’exister à travers la parole, prisonnière du drame d’un langage qu’elles interrogent sans cesse.
La parole construit une histoire coincée entre le cri et le silence. Le temps vacille entre le souvenir et l’oubli et l’espace est constamment tiraillé entre un ici et un ailleurs.

Un lieu de mort et de douceur aussi, totalement à l’abandon (…) Ce que je comprends c’est que les vivants viennent y rejoindre les morts et prolonger ainsi la mémoire. Et, ici, on peut voir à peu près cela : les vivants sont morts aussi (…)

Jean Luc Lagarce, Journal, visite du cimetière juif de Berlin-Est.

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