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Inventaires

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana

: Entretien avec Eva Vallejo et Bruno Soulier

"Ecriture contemporaine et musicalité"

Entretien réalisé par Culture commune


Avec Inventaires de Philippe Minyana, L'Interlude T/O poursuit son exploration de la rencontre entre écriture contemporaine et musique. Rencontre avec Eva Vallejo, metteur en scène et Bruno Soulier, compositeur.


Culture Commune : Vous définissez votre travail comme du théâtre-oratorio. De quoi s'agit-il ?


Eva Vallejo et Bruno Soulier : En parlant de théâtre-oratorio, nous souhaitons signifier que théâtre et musique sont intimement liés dans la conception même de nos spectacles. Cette définition s'applique à l'alliance entre texte et musique qui est à la base de notre travail et qui s'est creusée au fur et à mesure des différentes créations et des années. Nous ne sommes pas dans la logique d'une musique d'accompagnement qui serait sur le côté de la scène pendant que les comédiens jouent. Par exemple, s'il y a trois musiciens et trois comédiens sur scène, c'est un spectacle pour six voix, six interprètes. Lorsque nous montons une pièce, nous procédons un peu comme pour un livret d'opéra : à partir du texte que nous avons choisi, Bruno commence à écrire la musique, mais nous faisons aussi un travail sur le texte lui même, en procédant à un éclatement de ce texte, en explorant la polyphonie de l'écriture. Il y a un aller-retour constant entre la mise en scène et la musique.


C.C. : Les textes que vous mettez en scène sont des textes du XXème siècle ou contemporains. Pourquoi privilégiez vous ce répertoire ?


E.V. et B.S. : Nous sommes vraiment à la recherche d'une écriture contemporaine, et même d'auteurs très proches, d'auteurs vivants. Nous avons travaillé avec un auteur, François Chaffin, avec lequel nous avons eu différentes collaborations. Pour le moment, nous sommes attirés par une parole contemporaine. Les textes contemporains correspondent plus, pour l'instant, à notre forme d'écriture. Notre théâtre n'essaie pas de réfléchir sur l'ancien et de le revisiter de multiples façons, sans doute justifiables. Mais, sur des questionnements nouveaux, nous tâchons de trouver des formes nouvelles.


C.C. : Quel est le propos d'Inventaires ? Pourquoi avez-vous choisi ce texte ?


E.V. et B.S. : Dans Inventaires, trois femmes viennent parler de leurs vies, de leurs peines, de leurs joies, de leurs objets familiers, sur une scène de spectacle : il n'y a pas de dialogues au sens classique du terme, elles s'adressent en direct au public, comme dans un reality-show. Ce texte de Philippe Minyana nous correspond complètement dans l'écriture, très particulière, très rythmée. Il a travaillé sur une musicalité, il a réécrit du langage quotidien, restructuré d'une manière très contemporaine une parole recueillie. Il a en effet travaillé sur le documentaire, puisqu'il a interviewé des dizaines de femmes. C'est à partir de cette parole enregistrée qu'il élabore son écriture. La musicalité est présente dans son texte par une manière très précise de le dire, par un travail de respiration minutieux. Son texte pourrait être réaliste vu son origine, mais, de par cette écriture spécifique, il s'échappe du réalisme et devient poétique. Ce qui nous intéresse aussi dans "Inventaires", c'est le lien entre histoires d'individus et histoires collectives, l'un des fils conducteurs de notre travail.


C.C. : Comment se traduit votre implantation dans le bassin minier ?


E.V. et B.S. : Notre activité dans le bassin minier est partie d'une volonté d'aller sur le terrain, de travailler en direct avec le public. Nous avons démarré en 1994, à la MAC de Sallaumines, qui venait de s'ouvrir. Nous étions parmi les premières compagnies en résidence sur ce territoire, nous défrichions. Nous avons travaillé sur la mémoire. Nous avons interrogé les commerçants, travaillé à partir de vieilles cartes postales, de vieux bâtiments, et présenté une création qui s'appelait Oratorio pour une ville en morceaux. Nos liens se sont depuis étendus à d'autres partenaires (Saint-Omer, Liévin, Arras, Calais), dont Culture Commune depuis quatre ans.


C.C. : Qu'est ce que Culture Commune apporte aux compagnies en terme d'outil ?


E.V et B.S : Une structure comme Culture Commune apporte aux compagnies des moyens financiers et des outils nécessaires au travail de création ; mise à disposition de salles de répétitions à la Fabrique Théâtrale, accès à de nombreux textes théâtraux contemporains avec le Centre de Ressources Ecritures Théâtrales Contemporaines, lieu de croisements et d'échanges artistiques, sans oublier évidemment une ouverture sur une grande diversité de propositions esthétiques. Il serait intéressant qu'un tel équipement existe aussi en métropole lilloise.


Jan. 2003

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