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Infuser une âme

mise en scène Claude-Inga Barbey

: La Pièce

Inspirée par le journal intime de Virginia Woolf, et surtout par la lettre qu’elle a laissée après son suicide, Claude-Inga Barbey imagine l’écrivain anglais tel un fantôme revenant hanter le quotidien de deux femmes frappées, elles aussi, par la douleur.


Claude-Inga Barbey est une vieille âme. C’est sa copine Doris Ittig qui le dit, avec beaucoup de douceur. Récemment, un terrible chagrin d’amour lui a donné quelques bleus supplémentaires. Alors que l’auteure et comédienne genevoise titre sa dernière pièce Infuser une âme, on peut être sûr qu’elle sait de quoi elle parle ! Une histoire de deuil et de résilience qui s’articule autour de trois femmes. Des fragments de vie ordinaire qu’elle sublime dans une mise en scène sensible où elle incarne elle-même Virginia Woolf, un écrivain qu’elle adore depuis toujours. « Si on pouvait infuser une âme » est l’une des dernières phrases de son journal intime, juste avant son suicide.


L’histoire que Claude-Inga Barbey raconte se déroule le 11 août 1999, jour d’une éclipse totale de soleil. Dans une maison de Devonshire, deux femmes, Ethel et sa soeur Nelly, reçoivent la visite d’un fantôme. Virginia Woolf revient sur ses pas, ses vêtements gorgés d’eau, quatre gros cailloux dans les poches de son manteau bleu. Son chien Flush(1) la suit à la trace. Virginia voudrait apporter quelques modifications à sa lettre d’adieu…


« Je voulais puiser dans le journal intime de Virginia Woolf pour imaginer mes dialogues, mais il est beaucoup trop littéraire, trop élitiste. C’est un journal d’écrivain qui raconte peu son intimité. » Claude-Inga Barbey est longtemps face à un mur. Elle triture le texte dans tous les sens, mais n’y retrouve pas ceux qu’elle aime, ces vrais gens qui pourraient passer dans sa rue et dont elle romancerait la vie. « Finalement, j’ai trouvé la seule chose qui n’était pas fabriquée, sa lettre de suicide. Une lettre dont la banalité confondante renseigne sur la fin tragique. Selon une étude, plus une lettre de suicide est simple, plus on peut être sûr que la personne ne va pas se rater. Alors si un jour vous tombez sur une lettre qui dit “Adieu”, vous pouvez craindre le pire. Après, il faut peut-être aussi lire la ponctuation comme dans les SMS… » Pince-sans-rire comme souvent, Claude-Inga Barbey possède cet humour en sourdine qu’on qualifie de politesse de désespoir. Au plus noir de son écriture brille toujours une lueur de drôlerie, une flamme de profonde humanité qui font que chacun d’entre nous se reconnaît dans ses personnages.


« Dans Infuser une âme, Séverine Bujard interprète Ethel , une femme qui a tout perdu, amant, maison, argent… Le fantôme de Virginia Woolf débarque au moment où elle veut en finir . Elle en profite pour dire à Ethel que si elle doit se suicider, cela doit se faire en beauté. Que tout peut être sublimé, même un suicide. Quant à Doris Ittig, elle joue Nelly, la bonne ou la soeur – la bonne soeur – une femme qui subi t la plus grande perte qu’on puisse connaître, celle d’un enfant. Malgré cela, c’est elle qui trouve le chemin de la résilience, qui trouve un sens à la vie en se remettant totalement à elle. »


Trois femmes, trois manières de voi r le monde que Claude- Inga Barbey met en lumière avec infiniment de tendresse, de clairvoyance et d’humour. Et de donner avec malice le mot de la fin à son inspiratrice : « Je voulais parler de la mort, mais la vie a fait irruption comme d’habitude. » Journal de Virginia Woolf , 17 février 1922. (2)


  • (1) Du nom d’un roman de Virginia Woolf.
  • (2) Tiré de « Compagnies et théâtres romands en tournée, sai son 2009-2010 », supplément à "24 heures" et "Tribune de Genève", 18 septembre 2009.
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