: La Pièce
L’hôtel Palestine est cet hôtel de Bagdad qui fut bombardé
délibérément par l’armée américaine en avril 2003. Attaque
qui tua deux journalistes l’un de l’agence Reuters et l’autre
de la chaine espagnole tele cinco tous deux cameramen.
« Hôtel Palestine » de Falk Richter ne raconte pas cette
histoire de façon frontale. La pièce se déroule peut-être
dans un salon de l’hôtel Palestine à Bagdad, peut- être
bien le 8 avril 2003. Deux représentants du gouvernement
américain donnent une conférence de presse. Certains
journalistes posent des questions trop « pointues » sur le
tissu de mensonges ayant servi de prétexte à l’intervention
américaine et sur les objectifs véritables de cette guerre.
Ils récoltent des réponses agressives, évasives, tendant
à ridiculiser l’impertinent, ou plus clairement des fins de
non-recevoir. D’autres journalistes « décoratifs » posent
des questions elles aussi « décoratives » qui occupent le
terrain ou des questions « brosse à reluire » permettant la
justification de l’intervention américaine en Irak. Ce qui se
présentait comme une conférence de presse bascule petit à
petit vers des temps où la vérité de chacun des protagonistes
se dit. A travers une série de monologues dressant un état
des lieux de la violence des relations entre les Etats-Unis et
l’Europe, entre les Etats-Unis et eux-mêmes, entre les Etats-
Unis et le monde arabe…
La pièce dénonce avec force les mensonges d’Etat et la
complicité de certains médias. La guerre comme spectacle.
Elle dénonce le véritable pillage auquel se livrent les états
occidentaux ultralibéraux dans le silence complice ou obligé
des médias. Elle dénonce la violence réelle et cynique avec
laquelle les détenteurs du pouvoir réel mentent et cachent
leurs véritables enjeux. On y retrouve la critique situationniste
de la société du spectacle ainsi que la dénonciation de cette
nouvelle phase d’ « accumulation primitive du capital »
comme toujours par la guerre, la spoliation et le pillage mais,
cette fois, cachés sous le masque d’un spectacle télévisuel
dans une démocratie factice.
La pièce dresse un portrait inhabituel et féroce de l’Amérique,
et dans le même temps un portrait de l’Europe vu d’Amérique,
un portrait inquiétant et juste.
C’est une pièce nécessaire. Indispensable à la compréhension des enjeux d’hier et de demain. A la compréhension de notre Histoire contemporaine.
Jean-Claude Fall
05 mai 2011
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