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Glaube Liebe Hoffnung

mise en scène Christoph Marthaler

: La Pièce

Elisabeth ne veut plus vivre aux crochets de son inspecteur de père. Elle ne veut plus dormir sur le canapé du salon. Elle ne veut plus entendre les reproches de sa belle-mère. Elisabeth a un plan : gagner sa vie comme voyageur de commerce. Représentante en soutiens-gorge, gaines et articles similaires. Mais la concurrence est rude en ces temps de crise. Interdiction d’exercer sans carte professionnelle. Elisabeth n’en a pas. Pour en obtenir une, il lui faut 150 marks. Qu’à cela ne tienne, car Elisabeth est optimiste, vaillante, opiniâtre – aujourd’hui, on dirait « une battante ». Pour trouver cet argent, elle a trouvé la solution : vendre son corps à l’Institut d’anatomie. A vrai dire, vu le jeune âge de la vendeuse, l’Institut ne ferait pas une si bonne affaire : le viager risquerait d’être un peu long. Mais après tout, le destin vous joue parfois de ces tours. Monsieur le préparateur en chef, la terreur du laboratoire, se doute-t-il que dans moins d’un mois il aura succombé à une septicémie foudroyante ? Et Mademoiselle Elisabeth, pour revenir à elle, pourrait-elle soupçonner qu’un mot, un simple petit mot tout à fait anodin, malencontreusement interprété de travers, va transformer ce qui aurait dû être un coup de chance en catastrophe qui la jettera en prison ?...


Peu après Casimir et Caroline et un an après avoir remporté le prestigieux prix Kleist, Horváth compose Foi, Amour, Espérance en s'inspirant du récit que lui fait un ami. Voici ce qu’il note alors en marge de son travail : « En février 1932, de passage à Munich, j’ai rencontré une de mes relations, Lukas Kristl, chroniqueur judiciaire depuis plusieurs années. Il me dit à peu près ceci : je (Kristl) ne comprends pas que les auteurs dramatiques qui traitent des faits et des conséquences d’un crime, préfèrent toujours les crimes dits de sang, qui se commettent beaucoup plus rarement… je ne comprends donc pas pourquoi ces auteurs dramatiques ne s’intéressent jamais aux petits délits que, pourtant, nous rencontrons des milliers de fois et sous des milliers de formes. (…)
Et Kristl de me raconter un cas authentique qui est devenu cette petite danse de mort. (…)
L’intention de Kristl était d’écrire une pièce contre l’application bureaucratique et irresponsable des articles mineurs de la loi – tout en reconnaissant qu’il existera toujours ces articles mineurs puisqu’il faut qu’ils existent, dans une société quelle qu’elle soit. Le projet de Kristl portait donc l’espoir, en définitive, que l’on puisse appliquer ces articles mineurs de manière peut-être (excusez la dureté du terme !) plus humaine. C’était là aussi mon projet, tout en sachant que cette lutte « contre les articles mineurs » ne fournissait que le matériau pour montrer encore une fois cette bataille titanesque entre l’individu et la société, cet éternel massacre sans espoir d’apaisement… sauf, tout au plus, qu’un individu puisse goûter quelques moments l’illusion d’un armistice.
Comme dans toutes mes pièces, je me suis efforcé de ne point oublier que cette lutte désespérée de l’individu se fonde sur des impulsions bestiales et que l’on ne saurait considérer les manières héroïques et lâches de cette lutte autrement que sous l’aspect formel de cette bestialité, qui n’est, elle, ni bonne, ni mauvaise.»


Le dossier composé par Horváth témoigne de son intérêt pour l’histoire d’Elisabeth. Après avoir hésité entre différentes versions, il opère des coupes massives dans son manuscrit en vue d’une publication en un seul volume avec Casimir et Caroline (les deux pièces devaient avoir pour sous-titre commun : « deux petits drames tirés de la vie du peuple ») et d’une mise en scène à Berlin dans la première moitié de 1933. Le 30 janvier, Hitler est élu Chancelier du Reich… Horváth ne verra jamais son texte sur scène, et il faut attendre 1961, vingt-trois ans après la mort du dramaturge, pour voir enfin paraître les « deux petits drames » jumeaux. La création de Casimir et Caroline par Christoph Marthaler fut l’un des grands spectacles des années 90. Horváth lui réussit particulièrement bien. Pour sa quatrième mise en scène de son auteur de prédilection, il a choisi d’aborder la pièce qu’il préfère entre toutes.

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