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Gaïa Global Circus

Bruno Latour ( Conception ) , Pierre Daubigny ( Texte ) , Frédérique Aït-Touati ( Mise en scène ) , Chloé Latour ( Mise en scène )


: Note d’intention

Comme beaucoup d’autres, nous restons stupéfaits de la presque totale déconnexion entre les sentiments qu’on devrait ressentir devant les problèmes écologiques souvent présentés comme une apocalypse, et le mélange de nonchalance inquiète et vaguement blasée avec laquelle on accueille des nouvelles chaque fois plus énormes. D’où l’idée que sur scène on pourrait explorer tous ces décalages entre l’importance de ce qui est en jeu et le répertoire étroit d’émotions et de sensations avec lesquelles nous essayons de saisir ces questions. Si les questions écologiques par leur ampleur, leur ubiquité, leur durée, sont au sens propre irreprésentables, alors c’est aux oeuvres d’art (qui sont toujours aussi des oeuvres de pensée) d’essayer de les présenter à nouveau aux sens.


Le projet comprend une pièce de théâtre qui sera créée au Théâtre Garonne de Toulouse en octobre 2013, une pièce de théâtre radiophonique traduite en allemand pour le Bayerischer Rundfunk, des conférences et des petites formes.


Humains contre Terriens. Préparatifs de guerre ?


Tout se passe comme si la question de l’habitat, de l’habitation, de l’enveloppe, de la sphère,du territoire, de l’écologie peu importe le terme, était redevenue la grande affaire. Non plus l’ancienne accroche archaïque et souvent réactionnaire des racines, de l’appartenance ou des terroirs, mais cette nouveauté à la fois très ancienne et complètement nouvelle : il n’y a qu’une Terre et elle est d’un côté fragile —nous la dominons au point de peser sur elle— et, d’un autre côté elle pèse si lourdement qu’elle pourrait se débarrasser de nous —certains disent qu’elle « se venge ». Or, cette enveloppe si subtile et si robuste suppose des habitants tout différents des «Humains». Comme s’il y avait une sorte de guerre ignorée, incomplète, pas encore déclarée, mais oppressante, très oppressante, entre les Humains et ceux que les films de science-fiction appelaient les Terriens. Deux formes entièrement différentes d’humanisme et de cosmologie. Guerre d’autant plus étrange qu’elle partage chacun d’entre nous en plusieurs camps. Sorte de maladie auto-immune qui s’attaque à nous mêmes et qui en même temps nous empêche d’habiter la Terre à l’ère de l’anthropocène, à nous défendre et à nous protéger contre les violences à venir. Rien ne prépare les Humains à devenir des Terriens. Nous n’avons ni les connaissances, ni les passions, ni les émotions, ni les capteurs, ni les sensations qui permettraient de nous rendre sensibles à l’existence de cet habitat sur ce Globe trop fragile, trop vaste, trop réactif et trop puissant. Ces ressources se trouvent dans les sciences d’une part, dans les arts de l’autre, dans les religions peut-être.

Bruno Latour

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