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Fallait pas me mentir

mise en scène Elie Chouraqui

: Intentions de mise en scène

Interview d’Elie Chouraqui par Marie-Céline Nivière

C’est votre première mise en scène en théâtre ?


En ce sens oui, mais j’ai déjà monté des spectacles. Je sais ce que sont une scène et des acteurs. J’aime le théâtre et j’y vais régulièrement. Cela fait longtemps que la mise en scène de théâtre me démange. Pour faire mes films, j’ai de grands espaces. Me retrouver dans un cocon calme, sans 300 personnes autour de moi, me séduit. Mais, il n’y a pas de différence entre un plateau de cinéma et un plateau de théâtre. Il y a un texte, une histoire à faire vivre dans un espace. Et c’est la même chose de diriger une ou trente femmes.


Qu’est-ce qui vous a séduit dans le projet ?


Déjà l’opiniâtreté d’Emmanuelle Scali ! En lisant la pièce qu’Alexandra Dadier a écrite en collaboration avec elle, j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire. Nous avons travaillé le texte, fait quelques aménagements. En dépassant l’anecdotique, l’histoire devient bouleversante. C’est un plaisir de travailler avec Emmanuelle. Elle a un côté sérieux et un côté très sensuel. C’est quelqu’un de rond, de généreux, d’ouvert à tout.


C’est l’histoire d’une jeune fille au coeur tendre qui se heurte aux autres et à la vie…


Il y a plusieurs strates dans le texte. Le problème social y est central. La pièce raconte l’histoire d’Elena, une petite coiffeuse au joli minois qui vit une histoire d’amour avec un metteur en scène de théâtre. Mais nous passons rapidement du problème social au problème culturel. Si Elena est amoureuse, c’est avant tout de son langage, de son monde à mille lieues du sien. En fait, c’est une histoire simple, d’une femme simple. C’est une jeune fille qui a vécu dans un milieu prolétaire. Elle n’a pas eu accès à la culture. Le plus étonnant, c’est que sans le vouloir, c’est lui qui va l’entraîner vers un chemin de lumière. C’est un beau personnage.


De l’amour à la révolte, le pas est souvent tragique…


Au début, il l’aime parce que c’est une fille simple, agréable, jolie, qui doit certainement bien faire l’amour. Elle ne fait que passer dans sa vie. Alors que pour elle, il est précisément l’homme de sa vie. Il cristallise tout ce dont elle a toujours rêvé. Pourtant, il n’a jamais fait entrer cette fille dans son univers, la laissant toujours à la porte de sa vie professionnelle. Lorsqu’il décide de monter une pièce, il retrouve la lumière et surtout une comédienne avec qui il vit une autre histoire. Cet homme a quelque chose de pervers et c’est en même temps dans cette perversité qu’il puise sa créativité. Il étudie les êtres humains pour voir comment ça marche. Quand il quitte Elena, elle n’a plus qu’une solution extrême… Elle se rend là où elle n’a pas le droit d’aller, son lieu de travail. Elle va essayer d’exister à ses yeux... Enfin...


Comment avez-vous abordé ce texte ?


En allant chercher ce qu’il y a derrière. C’est une grande tragédie. Elena a décidé de mourir. Mais pas seule ! Pourtant la pièce n’est pas triste : il y a beaucoup de moments drôles. On évolue constamment entre drame et comédie, comme dans la vie. Or la mise en scène, c’est un peu comme la vie. C’est très instinctif, voire organique. Après, c’est aux autres d’analyser le travail. Le metteur en scène est un révélateur qui ouvre des portes aux comédiens. Pendant longtemps, j’ai muselé mon instinct pour développer l’intellect ! Maintenant je fais l’inverse, j’écoute mon instinct. C’est un travail ; mais ce n’est que comme cela que l’on apprend, vraiment.

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