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Exit

mise en scène Fabrice Gardin

: Note d'intention

« Les choses ne sont jamais aussi simples qu'elles menacent de l'être, nous prévient Fausto Paravidino qui porte dans cette comédie conjugale deux héros de la bourgeoisie. Serait-ce la folie absolue de vouloir vivre ensemble ? Ce que Pina Bausch observait comme des allers-retours permanents entre homme et femme, se retrouve ici : on se précipite vers l'autre pour l'étreindre et on le laisse "tomber" parce que sa proximité envahit notre zone de tolérance. Quelle direction semble alors la plus viable ? »


Paravidino élabore Exit avec tous les ingrédients traditionnels : des caractères ordinaires, incarnés dans des situations quotidiennes, une intrigue qui tourne autour du thème de l'amour, et des dialogues plein d'esprit. Ce qui surprend, c'est la dimension expérimentale, la « méthode Paravidino » qui s'inspire du comique de répétition et du principe de flash-back, pour faire alterner narration et dialogues, répétitions et variations, reliant les espaces adjacents.


Je ne suis pas arrivé par hasard chez Paravidino. Je connaissais d’autres de ces textes pour les avoir lus ou vus, comme ‘Nature morte dans un fossé’ (magnifique spectacle du Rideau de Bruxelles), ‘La maladie de la famille M’, ‘Peanuts’, ‘Deux frères’... Ce qui me plaît chez lui, c’est l’influence anglo-saxonne à la sauce italienne.


Je vois chez Paravidino mes auteurs de prédilection, Pinter, Beckett, dans le rythme utilisé, les phrases courtes, les petites touches, l’invasion des à-côtés, voir des bas-côtés, mais avec une luminosité, par moments, qui ne se retrouve que sous le soleil des auteurs italiens, De Filippo, Pirandello, Scabia... Ces pièces sont des machines à jouer, mais avec l’attitude actuelle du théâtre italien : précision et rythme !


On aime ce qui nous ressemble. J'ai retrouvé dans l'écriture et dans le ton de Paravidino, un style qui m’est proche, qui me plaît et qui me parle.


Ce n’est pas le sujet de la pièce qui m’a interpellé en premier, même si traiter du couple ne m’est pas étranger et que c’est un thème porteur, mais bien la manière dont Fausto Paravidino traite du temps et de l’espace dans et à travers ce couple. Ce n’est pas un moment de leur vie que nous traversons, mais dans ce moment, toute leur vie de couple en un bloc.


Et puis, presque obligatoirement, on pense à Woody Allen.


L'écriture cinglante et précise de Paravidino nous incite à jouer le sentiment, le traduire, au fur et à mesure, les sentiments deviennent plus précis, il faut amener le bon rythme. Ce fut une partie du travail.


On a travaillé par couches successives. Presque tranquillement… comme on a très peu d’indications sur les personnages, peu de caractérisation de la part de l’auteur, et que ce sont de vrais réceptacles pour les comédiens, on est parti au plus naturel. Il n’y a pas de composition dans ce spectacle. Chacun a déjà une expérience de couple, de vie en couple et le spectacle s’est construit sur ces strates que nous promenons tous avec nous. Il fallait juste une grande confiance réciproque.


Comme je connaissais déjà les quatre formidables comédiens qui interprètent ‘Exit’, le travail a été assez facile. Chacun savait qu’il était à sa place. Il ne devait pas créer un personnage mais venir remplir la page blanche proposée par l’auteur. On a donc très fort joué les mots, pour s’en remplir car ce sont les dialogues qui créent l’histoire des couples, les personnages sont les comédiens. Ce qui m’a amené à vider le plateau de toutes choses ‘inutiles’, c’est-à-dire interférant dans la relation très forte entre les uns et les autres, donc exit les accessoires et autres interventions sonores (sonnette, téléphone…) parasites (dans ce cas précis, évidemment).


J’ai montré à Ronald Beurms, le scénographe, les œuvres de José León Cerrillo, un artiste mexicain qui explore notre relation à l’espace dans lequel nous vivons. Je voulais beaucoup de simplicité, de transparence, de luminosité sur le plateau. Ronald a traduit cela par un labyrinthe de structures métalliques qui permet aux comédiens d’habiter l’espace avec très peu de contraintes et que celui-ci soit autant une structure mentale qu’un lieu déterminé.


En même temps, le fait que les personnages soient comme enfermés dans l’espace proposé nous amène proche de l’expérience de laboratoire sur le sujet de l’amour…


La lumière de Félicien Van Kriekinge joue avec les structures métalliques pour nous aider à faire le chemin proposé par l’auteur entre rêve éveillé et logique réaliste.


Le travail sonore de Laurent Beumier évolue entre légèreté et mini jingles qui marquent discrètement le passage du temps.


Il y a une notion ludique qui n’est pas non plus négligeable dans ce que Paravidino propose, il était important de la retrouver sur scène. Elle est amenée par l’utilisation de pictogrammes qui représentent quelques objets…


« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. »
Louis Jouvet

Fabrice Gardin

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