James Miranda Stuart Barry, médecin et chirurgien militaire, est né Margaret Ann Bulkley en Irlande. L’année de sa naissance est incertaine – 1789, 1792, 1795 ou 1799. Mary-Ann Bulkley, sa mère, était la soeur de James Barry, célèbre artiste irlandais et professeur de peinture à l'Académie Royale de Londres. La très mauvaise gestion financière de la famille les laisse sans aucun soutien. En 1809, Margaret est travestie en homme par un ami de son oncle, le Général Miranda, afin d'être admise à l'Université d'Édimbourg et d’y étudier la médecine. À l’époque où une femme douée pour les sciences ne pouvait accéder à aucune profession et bien avant que les universités en Grande-Bretagne ne commencent à accepter des étudiantes, elle obtient son diplôme et s'enrôle dans l'armée britannique où elle a une excellente réputation de chirurgien. James Barry a été assistant à hôpital de l'armée britannique, notamment à l'hôpital militaire royal de Plymouth, où il est promu chirurgien major adjoint. Il participe à la bataille de Waterloo (18 Juin 1815). Après cela, il sert en Inde, puis en Afrique du Sud : il arrive au Cap entre 1815 et 1817. Durant son séjour, il améliore le système d'eau pour Cape Town, réforme le système médical et celui des prisons, réalise l'un des premiers accouchements connus par césarienne. Très critique sur la gestion locale des affaires médicales il développe de très grandes inimitiés et quitte Cape Town en 1828 après avoir été accusé d’une relation qu’il aurait entretenue avec le gouverneur de la colonie. Durant toute sa carrière il est considéré comme un homme, bien qu’on le trouve étrange, de petite taille, fin, imberbe toujours accompagné d’un caniche et de son serviteur noir.

Les affectations se succèdent : Île Maurice, Trinité-et-Tobago , l'île de Sainte-Hélène. Plus tard, il servira à Malte – où il jugulera une épidémie de choléra, à Corfou, en Crimée, à la Jamaïque… En 1857, il est inspecteur général des hôpitaux au Canada et une légende dans les milieux médicaux et militaires. Apôtre de la médecine scientifique, il comprend très tôt que l’assainissement, l’amélioration de la nourriture, l’air frais permettent de diminuer de façon importante le taux de mortalité dans les hôpitaux. Barry était un homme aux idéaux progressistes prônant le droit à un traitement médical pour les femmes, les Noirs et les pauvres et mettant en place de grandes réformes sanitaires dans les campements militaires. Sa personnalité était complexe – on le disait froid, distant, excentrique.

Ainsi, à Sainte-Hélène, il eut des ennuis avec la politique intérieure de l'île. Il est arrêté, renvoyé en Angleterre et rétrogradé au rang de chirurgien-major. Sa dernière affectation, en 1838, sera les Antilles, où là encore, il se concentrera sur la médecine, la gestion et l'amélioration des conditions de vie des soldats. Il est alors promu médecin principal. En 1845, il contracte la fièvre jaune et rentre en Angleterre. Il prend sa retraite en 1864, contre sa volonté, et meurt de dysenterie le 25 Juillet 1865.

Ce n’est qu’à sa mort qu’on lève le voile sur son secret : l’infirmière qui prépare son corps découvre alors son anatomie féminine et répand la nouvelle après les funérailles. L'armée britannique a placé sous scellés tout ce qui le concernait durant cent ans. Ce n’est qu’en 1950 que l'historienne Isobel Rae a eu accès à ses archives et a conclu que le Docteur Barry était une nièce de James Barry le peintre. Il est enterré dans le cimetière de Kensal Green sous le nom de James Barry avec mention de son grade.