L'écriture des Drames brefs a été décisive, comme si elle avait permis de recentrer et concentrer tout ce qui avait été jusque là à l'état de propositions. La condensation qui en a résulté a mis en avant une forme fragmentaire, une syntaxe quasi versifiée, une mise en relief du thème : le deuil inassouvi. Et les six fragments, orchestrés, autour de l'image de la mère morte sont autant de tableaux grotesques et tragiques, où les figures agissantes et singulières (qui représentent la famille nucléaire) exorcisent une fois encore ses rites inévitables. Et si chacun avoue sa faute, sans souci de rédemption, c'est que chacun exige pour le moins, une mise au point, un éclaircissement. Cette proposition de théâtre qui n'appartient pas au réalisme, encore moins au naturalisme, vaut ce que l'esquisse apporte à l'œuvre du peintre. Elle " pointe l'essentiel ". Elle désigne le thème et travaille en direction d'un ensemble qui nécessitera une suite, des figures complémentaires, un développement futur.
La partition s'écrit comme se fabrique la miniature : par touches additionnées, tableaux de groupes et figures principales ; c'est l'assemblage des parties qui va donner sens à l'ensemble. Et elles agissent comme le conte, la légende, la chanson, directement, sans finasserie ; et les " petites figures " ressemblent, sans aucun doute, à ces silhouettes des lanternes magiques d'autrefois.

Philippe Minyana