: La répétition
par Julie Deliquet
Naviguer entre réalité et dramaturgie.
Imposer le collectif : voilà comment ça commence !
Tous les acteurs, donc personnages seront présents sur le plateau.
Pas de scènes découpées et privées, une parole entendue
et donnée.
Cette contrainte et identité de mise en scène m’est apparue
comme une évidence à la lecture du texte. On ne se ballade pas
en électron libre dans une maison inconnue mais on reste, on
assiste, on gène. Ce choix insiste sur l’idée d’égalité des rôles
et de leur pouvoir hors les mots.
Un regard poursuit un non-dit, le malaise et la politesse font reculer l’instant de vérité.
Les scènes sont revisitées dans une sensation de plan-séquence
qui dépend beaucoup de ce qui vient de se passer à
l‘instant même où l’acteur prend la parole.
On ne peut pas présupposer, l’adresse est multiple, il faut faire
un choix. Ce choix de « à qui je parle » est remis en doute à chaque
représentation, le collectif bouge sur scène, l’ambiance est
toujours différente, il faut partir de ça.
C’est le mot d’ordre : le choral donne le “la”, le drame
de chacun n’est aucunement fondateur de la représentation et
c’est pourquoi elle est mouvante.
J’ai choisi comme acteurs des personnalités qui pouvaient déjà trouver en eux la nature de leurs personnages attribués. Chercher sur son identité et la distancier pour s’en amuser. Nous travaillons sur le référent.
Le travail de répétition consiste à trouver un langage
commun qui rend l’acteur disponible et suffisamment souple
pour se laisser colorer par l’autre et par l’imprévu.
Le point de départ fut la prise de conscience de l’acteur de ce
va et vient permanent entre texte, histoire, personnage et lui
dans sa réalité.
Le travail consiste à jouer avec ces allers retours et à ne jamais les
opposer mais au contraire, chercher à les faire se rencontrer.
L’immersion dans la pièce nous donne des réponses inattendues
et une grande disponibilité pour son propre personnage
et celui des autres.
On mange en vrai, on ne dit rien, on s’ennuie vraiment, on avance
dans le propos mais on s’éloigne de la logorrhée.
Si l’acteur parle, il prend un risque et cherche à obtenir quelque
chose de l’autre et non déverser une parole qui soulage. Parler
ça fait mal.
A les voir improviser, je comprends que le temps du texte
est très proche de celui de la vie réelle, il respire, il hésite, il tend
vers la maladresse.
Je dois rester proche de cette sensation lorsque nous passerons
au plateau…
L’acteur s’approprie la parole, ralentit et réduit peu à
peu la distance entre lui et son personnage.
Il répond à Lagarce !
L’acteur se sert des mots comme matière mais n’en n’attend pas tout, il s’inscrit dans une proposition d’immédiateté à travers un jeu au présent.
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