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Déjà là

+ d'infos sur le texte de Arnaud Michniak
mise en scène Aurélia Guillet

: Ne pas forcément savoir où on va

Moi je crois qu’il faut plutôt faire confiance aux vérités tremblantes, à ce que j’appelle la pensée du tremblement, c’est-à-dire la pensée qui n’essaie pas de formuler des idées définitives. Ce qui caractérise ce que j’appelle le “tout-monde”, c’est que dans ce monde-là, la sublimation par l’universel n’est plus possible. Le “tout-monde”, c’est la quantité réalisée de toutes les différences du monde, sans oublier la plus petite, la plus infime, la plus invisible. Et je crois que l’idée d’une quantité réalisée de toutes les différences, qui est loin d’être achevée aujourd’hui, c’est ce qui nous permettra de nous maintenir dans les flux et les vivacités du tout-monde.
Extrait de l’entretien d’Édouard Glissant réalisé par rue89, mai 2008


(...) On avait envie d’épouser un mouvement, sans se poser la question de savoir où il va — de toute façon, il est obligé d’aller quelque part, puisqu’il est “nous”. Nous, c’est-à-dire des êtres humains, des hommes, des femmes. Il ira très loin ou pas, tout dépend de l’image que l’on se fait de l’être humain. Mais, dans tous les cas, nous ne ferons pas autre chose que ce que nous sommes.
(...) C’est un projet qui a une très grosse envie de réel, c’est pourquoi on a commencé en sortant dans la rue avec une caméra et non pas à lire du théâtre autour d’une table. Nous parlions en notre propre nom. La forme ne m’est apparue qu’après.
J’ai plaisanté un jour sur le fait que nous étions une génération qui avait écouté NTM et lu Deleuze, et que cela se ressentait beaucoup dans nos échanges. Trouver une langue: l’enjeu était important pour moi, peut-être plus ou autant que le fond lui-même. Par exemple, le mélange qui fait que nous sommes en même temps très intelligents et que nous tournons en rond comme des bêtes a été difficile à cerner dans la forme écrite, d’autant plus que je me méfie du langage parlé. Il me semblait plus intéressant de révéler le squelette du langage plutôt que d’essayer de prendre la parole, comme si je n’avais plus confiance dans le sens, ou dans la capacité d’être entendu quand on dit quelque chose — ce qui fait partie du travail artistique: trouver une manière d’utiliser les mots davantage pour révéler quelque chose que pour dire quelque chose... Pour révéler quoi? Le fait qu’on est vivant, je pense. Qu’on est là et qu’on est vivant.
De plus, j’ai ressenti la nécessité d’une fable, d’une structure. Ces cadres que sont la forme et la structure ne sont pas à casser mais à modifier, pour que l’on puisse exister à l’intérieur. Les improvisations, par exemple, mêlent deux approches différentes: celles de l’oralité et de l’écriture. Même si je ne les conserve pas telles quelles dans le texte, elles laissent leur rythme et leur mordant. (...)


Arnaud Michniak
propos extraits d’un entretien avec Raphaëlle Tchamitchian - octobre 2011

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