Le lieu - un driving-fantôme où toutes les voitures face à l’écran de cinéma sont des épaves accidentées/un petit haut-parleur posé dans l’habitacle de chaque véhicule diffuse des extraits de textes, bribes de dialogues des acteurs repris en HF, des infos du trafic, ou encore des annonces d’accidents du canal radio policier mélangées à de vieux standards.

Face aux « véhicules-spectateurs » une voiture accidentée comme rescapée d’une chevauchée à contre sens et suicidaire.
Rescapée mais modelée par la violence des chocs, d’où deux corps surgissent, un homme, une femme à moitié nus et ensanglantés enroulés chacun dans une couverture de survie. De la fumée s’échappe encore de la carcasse / un pompier finit de découper un bout de taule récalcitrant dans une gerbe d’étincelles. Les gyrophares des ambulances balaient la scène de leurs lueurs rougeâtres.
Tout semble se dérouler au ralenti, comme si nous assistions à une scène immuable, partagée dans un même souvenir, connue de tous, mythologique.
Et puis un autre corps tout ensanglanté et encore plus nu, totalement nu que l’on extirpe de la ferraille/ des cris de nouveau né/sans que l’on sache s’ils viennent de plus loin ou s’ils s’élèvent de la bouche tordue de la petite créature expulsée.

- C’est comme ça que tout a commencé –

Crash empruntera autant à la performance, à l'installation plastique, au film de série B, au roman photo, à l'iconographie pornographique, à la poésie mais aura comme motif central la même scène originelle: "LE CRASH".

Il explorera ou expérimentera les thématiques particulières liées à l'accident de voiture. Bien sûr l'accouplement "contre-nature " de la peau et du métal y tiendra lieu de fil rouge et n'aura de cesse de démontrer l'impact furieux des technologies industrielles sur nos vies, nos comportements, nos corps, notre imaginaire, et notre sexualité.

Pas de jugement cependant mais plutôt l'observation clinique des forces et des trajectoires lors d'une inévitable collision. Inévitable car comme l'exprime le bon sens populaire: sur cette terre toute ligne droite a forcément une fin.

Bruno Geslin