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Cours les Prairies

Jacques Albert ( Texte ) , Céleste Germe ( Mise en scène ) , Maëlys Ricordeau ( Conception ) , Jacob Stambach ( Conception )


: Note d’intention

Fiction, littérature et cinéma

SYNOPSIS


Un couple et leurs deux enfants, Pierre et Christina, gèrent un motel au Puy-en-Velay, dans le Massif Central. L’action se déroule sur deux ans.
Robinson, un jeune cousin, vient s’installer à la maison après être entré en conflit avec sa mère.
Pierre tombe malade : il souffre d’un cancer du pancréas et monte à Paris pour suivre son traitement. Robinson et Christina sont pris dans le courant de l’amour charnel.
A l’occasion d’un week-end en Normandie, les jeunes gens sont victimes d’un accident de la route dont seule Christina sort vivante.


Cours les Prairies se présente comme un récit d’initiation “inversé” dans la mesure où le mouvement vers l’âge adulte trouve sa résolution dans la mort.
Cours les Prairies parle de l’adolescence, de la jeunesse, de la maladie et de la mort. Mais Cours les Prairies parle aussi d’amour, des amours : Amours familiales, filiales, passionnelles, jeunes et vieilles.


INVESTIR LA FICTION


Avec Cours les Prairies, nous poursuivone la recherche autour de la fiction que nous avons engagée dans nos précédents projets.


En effet, l’espace de la scène offre des possibilités spécifiques par sa capacité à mettre en présence de manière simultanée différentes strates d’écritures : images filmiques, présence et actions scéniques, bandes sonores off, etc. Cette multiplication des sources permet de mettre en dialogue plusieurs mondes de fiction ayant chacun leur propre logique spatio-temporelle. Plusieurs espaces, plusieurs temps : la construction de la fiction peut ainsi fonctionner à la manière des mondes enchâssés d’un roman de science fiction.


Nous souhaitons ainsi montrer le réel dans ce qu’il a de fondamentalement pluriel et ne pas nous en tenir à la retranscription d’une réalité linéaire et univoque : considérer que le rêve, le fantasme, les projections, le souvenir sont des mondes qui ont leur logique propre, qui suivent leurs propres règles, mais que tous participent de ce que l’on a coutume d’appeler “la réalité”, sans hiérarchie, sans exclusivité.


LA LITTÉRATURE


Cours les Prairies est un récit.
Oscillant entre la nouvelle et le roman, nous souhaitons, avec Cours les Prairies, convoquer de manière directe la littérature sur scène. Nous chercherons à ce que celle-ci s’incarne, prenne corps dans l’espace théâtral. Non pas en mettant en oeuvre un phénomène pur de représentation (décor, personnages, incarnation), mais en travaillant à ce que le phénomène littéraire rencontre, presque brutalement, le phénomène plastique, spatial, sensuel et sonore de la scène. Logique de choc, plus que logique de fusion, ce travail engagera un travail spécifique sur la voix et son possible détachement du corps. Voix-off et voix in, narrateur et personnages, présence et représentation participeront au vocabulaire que nous mettrons en place et engageront, du point de vue de la perception, un trouble entre ce qui se vit et ce qui se raconte, ce qui est de l’ordre du souvenir et ce qui est de l’ordre de la présence de l’action, ce qui appartient au réel et ce qui appartient au domaine de l’esprit, de la projection, du fantasme.


LE TRAGIQUE ET L’IMMENSE


Cours les Prairies engage l’homme dans un mouvement qui le dépasse et questionne l’existence. Cours les Prairies fait pleurer, comme le fait la beauté. Cours les Prairies articule sans partage vitalité et morbidité. Les larmes de Cours les Prairies sont de la même eau que les pluies torrentielles qui emportent les hommes. Sa lumière est brillante, humide, marécageuse, profonde comme l’obscurité des sous-bois et le fond d’un lac.
Comme dans tous nos travaux jusqu’à aujourd’hui, nous travaillerons à creuser l’envers des choses, les arrière-salles obscures de l’esprit, les méandres du fantasme et du désir, les cris des corps, les soubresauts d’une réalité chaotique, mouvement perpétuel vers l’inconnu, le sombre, l’irrésolu.


LE CINÉMA ET LA LUMIÈRE


Après SIG Sauer Pro (2010) et Notre Printemps (2012), nous souhaitons continuer, avec Cours les Prairies, notre recherche sur la mise en rapport sur scène du théâtre et du cinéma.
Alors que dans Notre Printemps, nous avions travaillé sur le choc de l’image et du plateau, en réalisant un court-métrage autonome, nous engagerons ici un travail cinématographique poreux, de manière à constituer une seule matière faite de présence matérielle, de corps, d’image et de lumière.
C’est dans cet objectif que nous ne souhaitons pas, cette fois, dissocier l’image de la lumière. L’image cinéma sera notre seule lumière. Irradiante, mobile, agitée parfois, celle-ci saura à la fois éclairer les corps et l’espace, et rassembler ses rayons pour matérialiser la fiction. Image-lumière et image-fictionnelle imprègneront donc la rétine d’une même matière, à la fois palpable et insaisissable, tantôt extrêmement narrative et tantôt abstraite.
Elle constituera un flux continu, plus ou moins dense, plus ou moins épais, structuré par le récit que nous mettons en oeuvre.


LE SON : DU RÉEL À LA FICTION, LE SON COMME MÉDIATION


La création sonore, enfin, s’annonce, comme toujours dans notre travail, fondamentale. Tour à tour matière abstraite puissante attrapant le spectateur par son corps, ou son intradiégétique, univers sonore cinématographique, le son devient capable d’opérer le glissement du réel de la scène vers le saisissement de la fiction.
Car la circulation entre les différentes sources dont nous disposons (le film, la musique, les voix in ou off…), peut faire basculer imperceptiblement du naturalisme le plus brut (la bande son du film par exemple) à l’expressivité abstraite (la composition musicale).
Ainsi, le caractère englobant de cette matière sonore et musicale, réalisée en partie en direct et en partie enregistrée, devient à même d’unir dans l’espace les différentes strates qui construisent ensemble Cours les Prairies.


Le deuxième enjeu principal de ce travail sonore est de produire un trouble sur la perception du spectateur.
Nous sonorisons le plateau de manière à pouvoir intervenir en temps réel sur la voix des comédiens et sur l’ensemble des sons produits sur la scène par les interprètes. Nous voulons non seulement contrôler de cette manière la texture et la couleur du son live mais aussi introduire des accidents, des anomalies à peine perceptibles, parfois, mais permettant de créer des effets d’irréalités.
Introduire un léger délai sur la voix d’un comédien pendant un dialogue, modifier la tessiture de sa voix, appuyer une respiration, un souffle, un halètement, un bruit de pas, le froissement d’un tissu, sont autant d’effets qui permettront de créer sur la scène ces sensations d’étrangeté que nous recherchons.
Nous pensons aux films de science-fiction et aux thrillers, quand tout à coup le monde cesse de ressembler à ce à quoi l’on s’attend, quand le monde “ne répond plus”. Nous ne faisons pas de la science-fiction. Nous voulons parler du monde tel qu’il est : un monde où l’esprit s’incarne, où les peurs, les rêves, les souvenirs prennent corps et envahissent notre quotidien comme une peste.


En sculptant la matière sonore, nous tentons de produire un théâtre de l’âme, un théâtre vu “de l’intérieur de l’esprit”. Nous voulons enfermer notre spectacle dans une tête, comme si chaque spectateur le regardait non pas devant lui, mais à l’intérieur de lui.

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