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Comida

mise en scène Gabriel Da Costa

: La Pièce

L’histoire d’une famille. Il n’est pas important ici de l’apparenter à un pays. À une époque. De la retrouver dans un livre. Ou dans l’Histoire.


Prenons-là uniquement pour ce qu’elle représente : l’exemple même de toute famille. Comme l’expérience que Dieu aurait faite en essayant d’inventer l’homme, et de l’inscrire au sein d’un groupe, un clan : La Famille. Au travers d’elle, on voit l’homme, avec ses craintes, ses désirs, et la naissance de son projet de vie.


Le public est invité à entrer dans cette salle, pour regarder, pour se regarder. Son hôte, qui lui a permis d’entrer, a essayé de lui ouvrir les yeux sur le fait que ce n’est pas un spectacle qu’il va voir, mais le public est dans sa condition de public, il s’attend à aller s’asseoir dans la fosse, et que devant lui se joue une histoire avec son et image, avec des personnages qui vont jouer à. Il y est invité par le Diable, par Tirésias, par Sade, par un Dieu mondain, par l’imaginaire d’une femme qui s’est suicidée, ou encore d’un fils bâtard, ou une Parques, ce qui importe c’est qu’il est invité.


Ce n’est pas une salle de spectacle où il arrive, c’est une micro- cellule, où des prototypes d’êtres humains (que le public prend bien sur pour des comédiens), vont s’essayer à vivre ensemble, et qui sait à s’aimer. On n’arrive pas au Commencement, ils sont déjà matricés, ils ont déjà ingurgités une vie, que des ancêtres des ancêtres des ancêtres des… ont déjà ingurgités avant eux. Ils se préparent, où revoient ce qu’ils ont déjà préparé, ou essaient de faire coïncider tout ce qu’ils ont déjà fait avec ce qu’ils vont faire. Ils sont là, immobiles, et pourtant en action. Ils n’ont pas ordre de commencer au moment où le public fait ce fameux silence cérémonieux qui dit aux comédiens de commencer, puisque ce ne sont pas des comédiens. Non ces êtres ne voient pas le public, et si à un moment ils s’adressent à eux, c’est comme si ils parlaient à un miroir qu’ils ont en face d’eux. Jusqu’au moment où il est venu le temps de se faire regarder, entier. Affronter la société. Et s’y inscrire. Signer le pacte éternel avec cette spirale de la vie. Et se marier jusqu’à la mort.


Ils subiront toutes les étapes humaines de la vie : la découverte, la mise en condition, la présentation au monde, la consommation, la rencontre, l’enfantement, la transmission, la mort.


Le temps ne ressemble pas au temps humain, et pourtant il souffre d’un même rythme binaire, répétitif, en boucle. Il sera sans ellipse, sans coupure, ou aparté. L’action commence, se développe, et évolue sans jamais couper. Ça pourrait ressembler au moment de vie de quelques personnes ensemble, et pourtant rien dans le décor ou l’ambiance ne peut nous mettre en face « d’un moment de vie réel ». Tout ce spectacle ressemble à une cérémonie, et nous met dans le sacré, dans l’extra quotidien.
Mais au fond, la vie est une cérémonie, nous ne faisons que répéter les mêmes gestes, les mêmes actions, et parfois sans même savoir pourquoi.


Ça n’a rien de triste, au contraire, c’est plutôt vivant et joyeux. Ils ont bien appris leur rôle. Et puis il n’y a pas de désespoir sans un peu d’espoir.


Une cellule. Où déambule une famille. Réelle, mais aux attraits mythique. Comme une sorte de Sisyphe, qu’on force à recommencer en boucle un trajet, pour voir combien de temps elle pourra tenir, avant d’exploser. Empêtrées dans les névroses d’une société toujours en mutation. Au bord de la crise de nerfs. Elle ne se sent pas regardée. Elle vit un moment de sa vie. Un dimanche. Jour de la famille. Un seul mot d’ordre :


UNE FAMILLE HEUREUSE EST UNE FAMILLE HEUREUSE

Gabriel Da Costa

mai 2008

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