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Ce matin, la neige

mise en scène Sylvie Ollivier

: La Pièce

par Sylvie Ollivier

Septembre 2009

Ce matin la neige de Françoise du Chaxel confronte deux monologues qui se suivent sans jamais se mêler, deux points de vue des mêmes évènements : l’évacuation des Alsaciens après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne. À la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, 80 000 d’entre eux débarquaient dans un département inconnu la Dordogne. Ils ont tout laissé derrière eux, exilés, émigrés, déplacés, étrangers dans leur propre pays.


On entend d’abord Anna, alsacienne, qui en 1939 avait 16 ans.


Puis Thomas, le fils des fermiers périgourdins qui ont accueilli la famille d’Anna.


Ce matin, la Dordogne se réveille sous la neige …. La guerre est finie. Mais de la blancheur ouatée de la neige surgissent les images enfouies d’une mémoire douloureuse. Ces images émergent par associations de sons, d’odeurs, de mots lus ou entendus. Anna puis Thomas racontent, se racontent. Et en même temps qu’ils racontent, ils revivent les évènements pas à pas, de manière plus aigue, plus présente, en y mettant du sens, comme s’ils comprenaient soudain l’essence même de leur vie, de leur histoire et donc de l’Histoire.


L’écriture de Françoise du Chaxel, partition rigoureuse trouée de silences, nourrie du réel et des bruits du monde, nous renvoie à nous-mêmes et à notre propre histoire, à nos exils et à nos guerres, à l’Universel Humain.


Le spectateur voit des personnages dans une quête de sens qui s’emparent de leur vie pour en devenir le sujet et accéder à eux-mêmes, à leur identité et à leur engagement. Le mouvement est l'essence même du texte, le mouvement de la pensée.


Et nous découvrons l’éclosion de ces identités qui se construisent, qui se révèlent, qui s'observent et qui se cognent. Ces deux êtres séparés, différents, s’exprimant chacun à leur tour, se rapprochent peu à peu. Leurs destins finiront par se mêler.


Ce Matin, la Neige est la seconde pièce que Françoise du Chaxel confie à ELIA compagnie. Nous avons donc décidé de poursuivre notre collaboration née à l’occasion de la création de Des Traces d’Absence sur le Chemin. L’écriture de Françoise du Chaxel me touche par sa pudeur, son économie, sa densité, cette manière de laisser la porte ouverte à l’imaginaire sensible du spectateur.


Elle parle de la difficulté à communiquer, à vivre dans le regard de l’autre, à exister face aux autres. Elle parle de l’absence, absence à soi, absence aux autres. Elle parle de l’exil. Elle parle de la difficulté à être soi, de l’identité, de l’engagement … Et toutes ces questions interrogent les créations et le travail artistique que j’exerce au sein de ELIA Compagnie.

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