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Candide, Si c'est ça le meilleur des mondes...

d'après Candide de  Voltaire
mise en scène Maëlle Poésy

: Note de mise en scène

« Tout est bien, tout va bien, tout va pour le mieux qu’il soit possible »
Candide


Une formidable machine de jeu


Au commencement du conte voltairien, Candide est une page blanche, il va traverser les guerres, les catastrophes naturelles, les épidémies, faire l’expérience de l’injustice, de la mort, de l’absurdité du monde et des dérives religieuses. Pourtant, son inébranlable optimisme et innocence le poussent à continuer quoi qu’il endure. Les personnages qu’il croise au fur et à mesure du récit sont des insoumis, des esclaves, des religieux, des militaires, des rois, des puissants et des pauvres. Ils sont autant de figures qui incarnent la justice et l’injustice du monde, sa folie religieuse, ou son Eldorado.


Le conte de Voltaire est construit sur l’accumulation des épisodes et des figures rencontrées, c’est de celle-ci que nait le comique de situation mais aussi une réflexion politique féroce sur la place de l’homme dans le monde. Sur l’absurdité de sa course effrénée.
Il s’agit pour nous d’inventer une forme qui matérialise cette accumulation, cette saturation qui crée de l’absurde. Le texte de Candide est une formidable matière théâtrale, il ouvre les portes à tous les possibles sur le plateau. Le dispositif que nous mettons en place permet la création de ces différents univers réels ou inventés de façon poétique et ludique.


Cinq acteurs narrent tour à tour les mésaventures de Candide. Toutefois, à mesure que le récit avance, la machine s’emballe. La distribution attribuée au début vole en éclats : si l’un prend en charge la narration, certains jouent les personnages, tandis que d’autres mettent en place le dispositif scénique de l’univers traversé. Seule la figure de Candide est incarnée par le même comédien, de telle manière que la machine à jouer s’invente autour de lui tableau après tableau. Les acteurs sont tour à tour noirs, blancs, femmes, hommes, morts puis vivants, à mesure que le récit s’accélère. Sur la scène, le décor est composé de trois structures auxquelles sont accrochés tous les accessoires et costumes permettant d’inventer les mondes que traverse Candide. Il s’agit à chaque nouveau tableau de créer un nouvel univers à partir d’accessoires pris sur le vif, décalés de leurs fonctions premières, d’inventer avec ce qui est mis à disposition dans l’urgence de raconter la fable. Cette accélération propre au récit, est suivie dans la forme par toujours plus de folie et de rapidité.


Les titres des chapitres scandent cette évolution, cette course débridée qui se met en marche. Reste toujours au centre de ce tourbillon, la figure de Candide qui subit la traversée de ces temps, de ces lieux, de ces situations rocambolesques. Dans le spectacle, le héros ne traverse pas seulement le monde et les continents mais aussi les siècles et l’histoire. Le traitement fantaisiste de l’oeuvre, nous laisse une grande liberté « pour faire théâtre de tous bois » comme le disait Antoine Vitez. Je tiens à laisser au spectateur une place d’imaginaire qui le fera voyager avec nous en traitant avec légèreté et folie des choses les plus sombres de la vie.


Candide ou notre rapport à la folie au monde


Candide me parle du passage de l’innocence à la connaissance. Durant toute la fable, un jeune homme vit les pires cauchemars sans en tirer de leçons, rejetant toute idée de métaphysique. L’absence de réflexion de Candide fait grandir en nous la nécessité de se poser les bonnes questions pour obtenir les bonnes réponses, celles qui nous permettront, peut-être, de vivre heureux. En passant à l’âge adulte, nous faisons tous l’expérience de la désillusion du monde. Il me paraît intéressant d’explorer avec le collectif de jeunes artistes que nous sommes le questionnement que cela entraine. S’y résouton ou cherchons-nous à le combattre ? Quelle solution cherche-t-on pour y survivre ? Quelles leçons de vie tire-t-on de cette confrontation ?
Eprouver le monde, c’est aussi faire l’expérience de soi et de ses propres limites. On dit que ce qui ne tue pas nous rend plus fort, nous sommes à un âge ou tout semble encore possible et en même temps le temps file à toute vitesse, les directions politiques prisent par les gouvernements semblent irrévocables, la marge de possible et d’utopie semble s’amenuiser. Dans ce siècle où le monde s’accélère, les changements que nous subissons semblent nous conduire à notre perte. Dès lors, que reste-t-il à l’homme comme marge de liberté ?
C’est ce questionnement posé par Voltaire dans son oeuvre qui me touche particulièrement : qu’est ce qu’un homme libre ? Comment invente-t-on sa liberté dans le monde tel qu’il fonctionne ?

Maëlle Poesy

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