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Blouses

+ d'infos sur le texte de Eugène Durif
mise en scène Jean-Luc Ollivier

: A propos de "blouses"

Depuis "La couleur de l'homme qui file" en 1995, la recherche de la compagnie se développe autour de la forme même du théâtre et des codes de la théâtralité, avec l'absolue conscience qu'en matière d'art, le questionnement sur la forme induit toujours la réflexion sur le sens. De toute évidence, une représentation s'affirme toujours comme une vision du monde et il s'agit bien, là, de questionner ou de rêver l'humanité.
Chaque individu est un monde où demeurent des terres inconnues, une planète intime inscrite dans la galaxie complexe des relations humaines, et le théâtre peut être l'endroit de cette exploration intérieure et poétique, l'endroit du partage des souffrances inavouées ou de l'étonnante découverte de la lumineuse étrangeté de l'autre.
Afin d'approcher ces territoires inexplorés et de donner corps et contraintes à la démarche théâtrale, nous développons, pour chaque projet, un certain nombre de thèmes qui sont autant de portes à nos imaginaires. "Blouses" est né du désir d'interroger les rapports de l'homme et de la société contemporaine (avec sa composante économique) et d'expérimenter la façon dont le théâtre peut se saisir de cette matière aux confins du politique.
Le monde du travail comme conjonction de l'individu et de la société, le secteur industriel, en particulier, se révèle être un univers spécialement intéressant dans la mesure où le corps et la matière sont également mis en jeu, en confrontation, et où la notion de production est encore concrète.
La première question est d'ailleurs sous-jacente à ce préambule.
Pourquoi le monde ouvrier est-il tellement absent des lieux de représentation ?
La représentation du travail peut-elle être porteuse d'une réflexion sur la condition humaine ?
Le pouvoir économique conditionne-t-il les individus ?
Corps et âmes confondus ?
Se pourrait-il que "l'humain soit une marchandise ?
"Ou moins qu'une marchandise ?
Si l'oppression ne s'affirme pas comme oppression, si l'oppresseur n'a pas de visage, une résistance est-elle possible?
Le monde du travail dégage-t-il ses propres lois, non-inscrites et qui seraient de l'ordre d'un inconscient collectif ?
Quelque chose qui renverrait à la notion de clan ?
Et dans ce cas de figure, comment se négocient les rapports humains ?
Et ceux de la femme par rapport à l'homme ?
Le fantasme, au sens freudien du terme, ou l'image théâtrale en tant que représentation sociale, sont-ils des éléménts de libération ?
De prise de conscience ?
De soupapes de sécurité nécessaires au bon fonctionnement de la société ?


Voilà posées, de manière aléatoire, un certain nombre de questions faussement innocentes susceptibles d'être la substance à la fonction métaphorique du théâtre.
A condition de n'être pas documentaire et que la forme même de la représentation, prenant racine dans une réalité sociale forte, ne soit pas naturaliste.
La poésie même de l'acte théâtral est un amplificateur d'émotion et de réflexion entremêlées, un puissant levier à l'imaginaire collectif. Afin d'approcher cet ensemble d'interrogations, nous posons un postulat quasi-mathématique. Inventaire :


- une division par 4 (des spectateurs),
- 4 ouvrières,
- un contremaître,
- un commis (un démiurge ?),
- 27 frigidaires,
- 4 téléviseurs,
- 1 caméra de surveillance,
- 78 cartons,
- plusieurs kilos de viande rouge,
- 1 film super 8.


Voilà donc annoncés, comme les pièces d'un jeu dont il nous faut maintenant inventer la règle, les éléments concrets de notre expérience.
Les mots d'Eugène Durif viendront s'imbriquer à cette mécanique, l'irriguer, car dans ce foisonnement d'interrogations nous avons quelques certitudes, en particulier celle que les ouvrières ne soient pas réduites à leur image ou à leur fonction. Leur parole nous est nécessaire. Et enfin, nous posons comme évidence que cette représentation du monde devra se clore sur l'idée d'une possible espérance.
Quelques certitudes en guise de bastingage pour ne pas sombrer dans les flots sombres d'une complaisance du désespoir...

Jean-Luc Ollivier

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