theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Big Shoot »

Big Shoot

+ d'infos sur le texte de Koffi Kwahulé
mise en scène Alexandre Zeff

: Notes dramaturgiques et intentions de mise en scène

« Je n’écris pas sur les Blancs, ou les Algériens ou les Chinois, j’écris sur le frottement de tous ces mondes qui se côtoient. Je me considère comme un citoyen français mais comme un dramaturge ivoirien. Ce que j’écris ressemble beaucoup plus à ce qui se fait en Occident, mais lorsque je suis arrivé en France, j’étais déjà adulte. Mon imaginaire était déjà formé. Pour moi, c’est l’imaginaire ivoirien qui se déplace ailleurs. » KK


Koffi Kwahulé se nourrit d'éléments aussi divers qu'hétérogènes, se déplaçant constamment d'un continent à un autre, traversé par l'oralité, pour aboutir à une somme de cultures. Il y a l’oralité traditionnelle africaine bien sûr mais aussi le jazz, la tragédie grecque, le cinéma ou les références à la peinture, son écriture se montre insolente et iconoclaste à l’égard des héritages occidentaux et africains et résiste ainsi à toute visée unificatrice. Africain ou, plutôt ivoirien, le théâtre de Kwahulé ? Sans aucun doute. Mais, sans tambour ni tamtam, il se plaît à « rendre complexe, voire impossible toute définition de ce qu’on appelle l’africanité ». Kwahulé appartient à cette génération d’auteurs noirs francophones , « enfants terribles de l'indépendance » qui refusent de s’inscrire dans une dynamique de modèles et se nourrissent d’inspirations multiples, foisonnantes et parfois déconcertantes. Ainsi Kwahulé n’hésite pas à proclamer :


« Mon idéal d’écrivain, c’est Monk ». KK


Son affirmation laisse deviner une dramaturgie qui, en déterritorialisant les modèles, se refuse aux identifications les mieux établies: les origines métissées du jazz et son «indécidabilité» rejoignent ainsi les questions d’ordre esthétique et politique – celle de l’identité et son corollaire, celle de l’altérité - que le théâtre de Kwahulé pose avec une radicalité puisée dans la violence inhérente à l’histoire noire.


Le théâtre de Koffi Kwahulé est donc constament travaillé par le jazz et ce rapport au jazz dépasse largement la simple thématique. Il habite son écriture de l'intérieur et structure la poétique de son théâtre, comme la musicalité de la langue.


Il écrit donc ses textes comme un musicien de Jazz, d’un seul jet. Les traces sont volontairement effacées. Dès lors, plus de témoignage de la fabrique de l’écriture. Reste, à celui qui tente de sonder la structure complexe de ses pièces, la tâche de trouver des outils capables de mettre en lumière la singularité d’une dramaturgie qui renouvelle à chaque fois ses propositions ou, pour le moins, de formuler quelques hypothèses sur une oeuvre en mouvement perpétuel dans laquelle se fait entendre une voix : celle de Koffi Kwahulé.


« Je me considère sincèrement comme un jazzman. C’est mon rêve absolu.» KK


Mais comment, sur un plan dramaturgique, saisir ce geste d’improvisation ? Il faut s’accrocher à une mélodie. Identifier quelques notes. Il faut l’écouter. Dans la dramaturgie de «Big Shooot », la fable n’est pas le résultat d’une construction préalable. Elle se constitue au fil du texte, de façon erratique, rappelant les multiples bifurcations d’un free jazz. L’écriture de Kwahulé, rappelle « cette coopération étroite entre l’improvisé et le composé » qui caractérise le jazz.


L'orchestration subtile des voix apparente «Big Shoot» à une sorte d'oratorio. L’improvisation est l’élément organique du texte : elle est celle qui fait tenir ensemble le face à face, le principe autour duquel s’organise la ligne mélodique. Car les deux hommes sont ici avant tout des indicatifs sonores. Ils existent à travers la tessiture particulière de leur voix.


« L'improviste » est, pour reprendre une expression nietzschéenne, un « auditeur-artiste » les paroles deviennent chants, le texte poème et les personnages sont pris dans une dynamique chorale. Grâce à « l’improviste », la pièce de Kwahulé est tout entière musique: sons ‘sales’, langues ‘étrangères’, typographies, didascalies, tressage des voix, gestuelle des personnages qui donne lieu à un lyrisme visuel, tout contribue à la fabrique d’un son et d’un rythme, d’une musique : Le jazz de Koffi Kwahulé.


Voilà pourquoi je choisis de faire interprêter ce duo par deux acteurs Jazzmen (Thomas Durand et Jean-Baptiste Anoumon) l'un joue du saxophone et l'autre du piano.


«Big shoot est un duo entre Coltrane et Monk. L'ambition est celle-ci:
Faire se rencontrer dans l'écriture Coltrane et Monk.
Deux sons. Deux réspirations.» KK

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.