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Balkans' not Dead

mise en scène Dominique Dolmieu

: Les notes de mise en scène

Balkans’ not Dead est une farce sur la rencontre – une collision, faudrait-il dire. Deux mondes se confrontent brutalement, sur une large partie de la planète, depuis un certain temps. Ici, le monde chrétien occidental, là le monde musulman oriental. Dans l’épisode qui nous concerne, ce sont les Slaves de Macédoine et les Turcs de l’Empire ottoman. La ligne de front passe par le Vardar, le principal fleuve de Macédoine. La frontière est le théâtre des évènements.


C’est aussi une vision grotesque de la résistance et du patriotisme. La lutte pour la liberté et les nobles idéaux se transforme en un combat incessant pour la survie, le pouvoir, l’adrénaline, les sensations fortes, l’alcool, le sexe, l’argent... Chacun selon sa situation sociale. L’humanité dans toute sa splendeur. Le vainqueur n’est jamais la liberté, mais seulement l’amour. Dans cet univers corrompu au possible, où la seule idéologie est l’individualisme forcené, l’amour reste la seule chose qu’on ne peut pas acheter.


Il s’agit de mettre en exergue la forme singulière proposée par Dukovski : un théâtre sans concession – un tourbillon, un chaos, une spirale infernale. Une mise en scène qui travaille sur le choc, le conflit, la fracture. Le langage est direct et brut, le discours prend presque systématiquement le contre-pied de l’action. Balkans’ not Dead est comme un slogan sur un mur ou un cri dans une foule. Poétique de la violence. On donne un edelweiss ; encombrante, inattendue, une possible respiration qui bouleverse l’ordre des choses.


Il convient aussi de travailler sur l’humour. Un humour décalé qui naît de l’audace, des défis et provocations que se lancent inlassablement les protagonistes. Risque presque le vaudeville, qui tient notamment de la version classique initiale, tant on ourdit intrigues, complots, traîtrises et coups tordus. C’est aussi un humour de fin de règne, de monde qui s’effondre : le « Vieil Homme sur le Bosphore » rend les armes, l’anarchie s’installe, le cynisme et la dérision sont les valeurs en hausse.


Suivre le rythme de l’ensemble, construit sur la séquence, à l’image du monde moderne, concentré, binaire, infernal, où les ruptures se bousculent. Le temps s’emballe. Les scènes sont courtes et s’entrecroisent, les changements sont nombreux, et doivent donc être aussi rapides que possible : la scénographie devra faire preuve de sobriété et d’efficacité. Des objets simples, des jeux de lumières travaillés. Une danse endiablée.


Transposer la proposition vers un univers plus contemporain, où la montagne, lieu de la rébellion, devient une banlieue, et le milieu urbain le centre du pouvoir, avec ses salons privés et ses bordels de luxe. Le décalage entre la pièce Les Noces de sang macédoniennes de Vojdan Cernodrinski, l’une des principales oeuvres classiques du théâtre macédonien, et le langage de Dukovski s’y reflète, comme une sorte de bégaiement de l’histoire, et la mise en abyme continue avec l’arrivée de la troupe de comédiens, qui représente l’action déjà en cours.
Élaborer également de nombreuses ambiances sonores, inspirées du groupe de musique industrielle allemand Einstürzende Neubauten.


Avec cette mise en scène, le Théâtre de Syldavie (anciennement la Cie l’Espace d’un instant) continue donc sa saga balkanique. Une aventure sans égale, commencée en 1991, et jalonnée depuis de nombreuses collaborations, dont plusieurs avec le Théâtre des nationalités de Skopje. C’est d’ailleurs la seconde fois que cette équipe monte une pièce de cet auteur. Quel est l’enfoiré qui a commencé le premier ? a en effet été crée au Théâtre de l’Opprimé en 2005. La production comptait d’ailleurs déjà quinze comédiens sur le plateau, que l’on retrouvera pour la plupart.

Dominique Dolmieu

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