Avec le recul, tout a commencé le jour où, enfant, je décide de prendre un livre « interdit » dans la bibliothèque de mes parents : Treblinka. Une scène décrit la gare d’arrivée qui n’était en réalité qu’un décor mis en place par l’architecte du camp afin de rationaliser les flux à l’arrivée des convois, avec, notamment, de vraies fleurs et une fausse horloge... De l’usage de la fiction. Aujourd'hui je choisis de déconstruire un monument de "l'entertainment" des années 40 : Arsenic and Old Lace de Frank Capra. Lorenzo De Angelis s'empare de la partition physique hallucinée de Cary Grant. Jonathan Capdevielle double l'ensemble des voix masculines en direct et pas seulement... Une partition pour cinq corps et deux voix au rythme effréné inscrite sur un plateau nu dont subsiste un seul élément : un coffre dans lequel sont cachés des cadavres. Un travail minutieux et exigeant, laissant ainsi au spectateur suffisamment de place pour qu’il puisse se construire son propre film, tout en se laissant emporter par un flux ininterrompu de mouvements, de sons et gestes, de parcours et histoires entremêlés.

Vincent Thomasset