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Avant la promenade

+ d'infos sur le texte de Lionel Nakache
mise en scène Lionel Nakache

: Extrait

« Micha : Des fois, j’ai envie de me laver, de me laver de tout, rentrer dans un endroit tout blanc, comme une église. Un lac de lait. Tu vois? Avec du silence épais. Et je me referais. Je me referais en entier.


Bruno : Une église?


Micha : C’est pas l’église pour l’église. C’est juste le lieu où l’on me foutrait la paix. J’irai pas pendant leur messe. J’irai dans un moment creux de l’aprèsmidi, où personne te voit entrer, personne te parle. T’es là, les autres croient que tu pries mais en fait t’es juste tranquille. Tu te reposes.


Bruno : C’est pas blanc une église, c’est gris. Je crois que tu confonds l’église et le paradis, mon frère.


Micha : T’es con! J’te parle sérieusement. Ici ça pue, c’est comme si on avait ramené un petit bout de rue de merde avec nous et qu’on piétinait dedans. Un caniveau. Ici j’ai toujours l’impression d’avoir une plaque d’égout qui me pèse sur le crâne. Une église c’est haut, c’est propre. C’est pour ça que j’ dis que c’est blanc.


Bruno : Tu me dis blanc, moi j’pense pas à une église. J’pense à des putains de draps bien propres, qui sentent la lessive. J’me réveille dedans, et là, au lieu de voir ta face en jogging, je vois une belle petite brune, avec le drap qui lui arrive juste au-dessus des seins, tu sais là où ils commencent à gonfler...


Micha : Ça va... ça va... Arrête!


Bruno : Non, non, laisse-moi finir! Donc la brune, elle tient son drap comme ça du bout des doigts juste au-dessus de ses seins, je les ai embrassés toute la nuit, mais quand même elle les cache parce que dans les films, elles font ça aussi. Ça doit être un truc d’actrices d’ailleurs ça, elles doivent dire “ok je montre mes seins pour la scène torride, mais la scène du réveil y’a pas moyen, ça sera le drap!” Et depuis toutes les femmes dans la vie, elles font pareil. Mais c’est pas grave, tu vois, je joue le jeu, et ma belle brune, je la regarde tenir son drap dans le petit matin. Elle a une peau si douce que je n’sens même pas où commence le drap. Et on discute, peinards, et on fait comme si on mourait pas d’envie de remettre ça. Alors qu’on sait qu’on est bouillants tous les deux! Mais on a le temps... Je la fais rire, son premier rire de la journée, tu vois? Je lui raconte, je n’sais pas moi, que j’ai un pote qui se baigne dans les églises.


Micha : On peut pas parler avec toi. T’as pas de ciel. »

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