: Mise en scène et adaptation
Un spectateur qui se rend au théâtre pour voir une tragédie
classique ressent très souvent de l’appréhension quand il
connait la densité et l’opacité d’un tel texte : il craint de ne pas
tout comprendre, d’être perdu au bout de la première scène
ou du premier acte ; il juge la langue de Racine trop ardue,
les personnages trop complexes et redoute des situations
éloignées des codes qui sont les siens.
Adapter Andromaque de Jean Racine est une vraie gageure,
car cela sous-entend
de rendre accessible un texte dense et
profond, mais sans jamais en trahir le sens et la portée.
Nous avons donc décortiqué et étiré la pièce dans toutes ses
limites pour en faire un spectacle destiné à tous les publics. Le
spectateur est invité à (re-)découvrir et à (ré-)
entendre cette
tragédie avec la promesse qu’il ne sera jamais assommé, ni
dérouté, ni égaré par la difficulté de la langue.
Entrer dans l’alexandrin
L’adaptation du texte s’articule essentiellement autour des deux premiers actes, afin d’inviter le spectateur à entrer progressivement dans les situations qui vont donner naissance à la tragédie.
De la distanciation à la catharsis.
Dès les premiers mots, les comédiens, en véritables guides de tragédie, exposent au public le contexte historique et amoureux précédant le début de l’histoire : les rapports entre les personnages, leurs passions, leurs dilemmes, leurs devoirs. Le spectateur accède par la suite aux alexandrins ; il est donc préparé à recevoir une langue tournoyante qu’il n’est pas habitué à entendre.
Aux actes I et II, les guides n’hésitent pas à s’immiscer dans le
cours de l’histoire, à esquisser chaque personnage, jaugeant
l’attention du public et précisant les enjeux de la pièce. Les
comédiens usent de nombreux stratagèmes pour permettre
au public de percevoir et de comprendre les tenants et les
aboutissants de chaque situation.
À l’acte III, une rupture se produit : les protagonistes s’éloignent
de plus en plus de la réalité tant ils sont rattrapés par leur
passion dévorante. La tragédie peut se nouer. Cette rupture
marque également le jeu des acteurs qui abordent alors le
texte d’une façon différente : ils deviennent l’incarnation de
chaque personnage. Désormais averti, le public assiste au
drame et suit le chemin tout tracé jusqu’à la folie finale.
Un spectacle mobile
La scénographie est très épurée : un tapis de jeu symbolise une allée du palais où vont se nouer les intrigues, et le public est installé de part et d’autre de cet espace.
Les interprètes se servent d’accessoires et de tissus pour illustrer le début de la pièce : ainsi Oreste, Hermione, Andromaque et Pyrrhus sont représentés dans l’espace de jeu et caractérisés par divers objets (seaux, tissus, ballons) sur lesquels sont inscrits leur nom. Les acteurs déplacent ces «personnages-objets » en fonction de leur implication dans l’histoire. Petit à petit, l’utilisation de parures plus élaborées permet d’incarner tour à tour chaque protagoniste. La musique et les lumières empruntent elles aussi progressivement le chemin de la tragédie.
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