theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « La Dame aux camélias »

La Dame aux camélias

+ d'infos sur l'adaptation de Frank Castorf ,
mise en scène Frank Castorf

: Présentation

Castorf, ironiste versatile et engagé, n’a pas son pareil pour revisiter les classiques et en tirer les dissonances les plus provocatrices. L’enfant terrible de la RDA, qui a grandi au rythme de la contre-culture rock américaine et des films de Fellini, Godard, Wajda, Truffaut ou Kubrick, s’est distingué dès ses premiers spectacles : jugés incorrects par la censure, ils sont retirés de l’affiche. À l’issue d’un procès contre les autorités dont il sort gagnant, il est expédié à Anklam, au fin fond du pays ; il peut y monter Heiner Müller, Artaud, Brecht et Shakespeare, mais la censure veille toujours sur lui, et il est remercié en 1985. Peu après la chute du Mur, il prend la tête de la Volksbühne, mais ne s’est toujours pas assagi pour autant, montant Sartre, Dostoïevski, Houellebecq, Döblin, Boulgakov, Tennessee Williams, Pitigrilli, Andersen, imposant à chaque fois ses visions iconoclastes. Par quel biais va-t-il donc approcher la légendaire Marguerite Gautier ? Son histoire, dès l’origine, n’a cessé d’être reprise, retravaillée : Alexandre Dumas fils lui-même revoit et corrige son texte de 1848, puis en signe l’adaptation théâtrale en 1852 ; un an plus tard, c’est la création de La Traviata à La Fenice de Venise, mais c’est à partir de mai 1854 que Marguerite, devenue Violetta par la grâce de Piave et Verdi, devient définitivement un mythe (auquel Barthes consacre d’ailleurs quelques pages de ses Mythologies). Chemin faisant, son triste destin a perdu en charge provocatrice ce qu’il a peut-être gagné en délicatesse lyrique. Mais Castorf s’intéresse davantage à la version première, romanesque, et aux dimensions sociales d’une intrigue où éclate insolemment la liberté d’une femme se moquant de la morale, dominant ses partenaires, revendiquant son indépendance – bref, menaçant l’ordre établi et ses piliers que sont la famille et la loi patriarcales. Ce n’est donc pas le mélodrame, mais le roman qui fournira à Frank Castorf son matériau de base, et qui lui permettra de rendre à Marguerite, par delà La Traviata, toute sa troublante et dangereuse puissance critique...

Daniel Loayza

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.