Être grand, mais pas trop. Être soi-même, sans être différent. Passer inaperçu, mais avoir de la prestance. Ne pas être rond, ni maigre, ne pas avoir d’accent ni trop de caractère… Pour Thomas Lebrun, les questions du corps et de la norme sont depuis longtemps des sujets féconds. L’auteur et interprète de l’Itinéraire d’un danseur grassouillet (2009) sait d’expérience combien peuvent être cruelles et contraignantes les règles sociales du paraître. Et ce qui est vrai chez les adultes l’est encore davantage pour les enfants, soumis très tôt à la pression du groupe et aux enjeux de la différence. Parce qu’il croit au pouvoir de conviction de la danse sur tous les publics, jeune ou moins jeune, le chorégraphe, à la tête depuis 2012 du Centre chorégraphique national de Tours, a voulu se confronter à l’écriture d’un spectacle pour les sept ans et plus sur ce thème. À travers les gestes et la présence des corps, il entend démonter les absurdes diktats de l’apparence, mettre en exergue les mécanismes d’exposition et de retrait, permettre l’acceptation des différences. D’où cette création, pour quatre interprètes, à laquelle les parents sont eux aussi largement conviés puisque la pièce présente plusieurs niveaux de lecture. Une belle leçon de tolérance.

Isabelle Calabre