Mercredi 11 mai 2011, Les amis de Franck Nogent (nom de la compagnie dirigée par Jean-Cyril Vadi) nous avaient donné rendez-vous à l’Espace Paul Jargot de Crolles dans la périphérie de Grenoble. Habituée que je suis des salles conventionnées de centre ville, je suis arrivée une heure en avance de peur de me perdre en chemin. J’ai eu le temps d’apprécier la vie de ce lieu et les allers et venues des gens : de celui qui s’apprêtait à rejoindre sa chorale hebdomadaire, à l’autre qui sortait de son cours de percussion ; du parent qui attentait son rejeton dans la voiture, à celui qui achetait ses pizzas au camion stationné sur le parking, tant de vies minuscules se donnaient malgré elles en spectacle. Ces vies me saisissaient dans le contraste avec l’impressionnante barre rocheuse aux plissements terrestres millénaires qui dominait majestueusement le site et en barrait l’horizon.

De quoi alimenter la rêverie et stimuler l’imagination que je laissais vagabonder tandis qu’un petit enfant s’amusait à faire couler l’eau d’une fontaine publique en actionnant la pompe. Jeu fabuleux si peu écologiquement correct…

Au bout d’un moment, il me sembla qu’il était temps d’entrer dans l’Espace Paul Jargot m’enquérir de ma place. Des gens, pas mal, appréciai-je alors, faisaient la queue au guichet. Je passai mon tour en m’adonnant à cet autre rituel, le passage aux toilettes. A peine entrée, j’entendis ma voisine se précipiter au-dessus de sa cuvette pour y vomir abondamment. En sortant, je vis aux lavabos une jeune femme se passer de l’eau au visage. Identifiant ma voisine malade, je m’apprêtais à lui porter secours, mais elle se précipita de nouveau aux cabinets pour y vomir non moins intempestivement.

La surprise passée, je souris intérieurement, comprenant alors que « ça » avait commencé…

Véronique Perruchon