Roberto Succo est un tueur en série italien célèbre dans les années 80. De la réalité à la fiction, le S est devenu Z, preuve que les méchants fascinent toujours autant avec un personnage de Zucco presque hissé au rang de surhomme d’une pièce qui met en lumière la complexité humaine.
Au lever de rideau, Zucco s’évade. Voilà le monstre, l’homme qui a tué son père pour se libérer du poids étouffant de sa famille et qui ne met jamais plus de quelques heures à s’échapper de prison, à nouveau libre. Loin de tout cela, une jeune fille rêve d’évasion et d’aventures dans une famille qui, elle aussi, l’étouffe. La rencontre du monstre et de l’innocence va faire basculer la vie de la jeune fille qui s’y brûlera les ailes.Une brève et intense rencontre pour deux destins inversés. Lui, chantre de la liberté ne parvenant pas vraiment à vivre, pris au piège de ses démons intérieurs. Elle prisonnière physique de sa famille et qui ne commencera réellement à vivre, à prendre de l’ampleur, qu’en connaissant ses premières bleus à l’âme. On suit leurs routes, lui, au fil des rencontres et des meurtres qu’il commet, elle, dans sa quête pour le retrouver. Jusqu’à une fin tragique…
Dix comédiens, étudiants pour la plupart et dont l’âge oscille entre 18 et 38 ans, sont à l’œuvre pour cette pièce qui rassemble pas moins de dix-neuf personnages, le temps de quinze tableaux pour deux heures de spectacle.
Un vrai challenge pour Isabelle Peroz qui, à bientôt 23 ans, signe là sa première mise en scène. Des comédiens solides dont la qualité globale des prestations se révèle particulièrement lors de scène tendues, sur le fil du rasoir et pouvant mettre mal à l’aise, qu’ils exécutent avec brio, aidés par le texte de Koltès, marqué par une certaine retenue et ne versant jamais dans l’outrancier. Mention spéciale à l’acteur principal, Florent Pochet (Roberto Zucco) très convaincant et pleinement habité par son rôle.
Côté mise en scène et scénographie, la bonne idée vient de la présence d’une structure métallique permettant de donner un cadre à l’action, de fixer les multiples protagonistes dans un ensemble servant de support à des univers très différents, de la prison au bordel etc.