Cela fait plusieurs années que mon travail s’est attaché à l’écriture de Serge Valletti. Sa poésie, son univers, sont intimement liés à ma vision du théâtre contemporain. L’écriture de Serge Valletti est d’une intensité rare et laisse au metteur en scène une grande liberté de la création. Avec lui il faut oser, chercher, décortiquer. A l’instant même ou vous semblez avoir touché du doigt la vérité, un autre travail commence, celui de rendre lisible ce monde licencieusement structuré. Réception appartient à un genre qu’affectionne cet auteur : « le polar ». Encore une fois Valletti se distingue par ses mécanismes, mécanismes dont lui-même ne mesure pas la portée, puisque d’une pièce sortie de son imagination à trois personnages, il nous conduit à vouloir la créer avec deux. Et voila ! Nous sommes dans son théâtre, il va falloir se transformer, se grimer, apporter la crédibilité de cette femme jouant un homme, et que cet homme redevienne femme. Faire en sorte que notre réceptionniste, homme paisible et respectueux du rationnel, se confronte à un raz de marée dont l’issue pourrait le conduire à la folie... Le travail à effectuer sur cette œuvre s’inscrit dans ma volonté de conduire les acteurs dans des chemins où, seules l’invention et la générosité ont leur place. Pour cela, j’ai fait appel à deux comédiens dont le parcours n’est plus à présenter, Claire Nebout et Jean-Claude Dreyfus. Spontanément nos envies et nos convictions se sont présentées comme une évidence, l’excitation, le fait de partager ensemble un morceau de théâtre dans un souci non pas économique, mais dans un réel besoin de se confronter aux belles choses. Maintenant c’est à nous de faire et que nos ambitions se conjuguent à vos désirs.

Par Christophe Correia