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Pièce africaine

+ d'infos sur le texte de Catherine Anne
mise en scène Catherine Anne

: Présentation

Résumé


Circuit-aventure en Afrique interrompu par une panne de quatre-quatre dans le désert : huit touristes et leur guide installent un campement au pied de la Montagne des Esprits.


Chaleur accablante, désert oppressant, inquiétude, impatience. Et méfiance réciproque lorsque surgissent trois mystérieux naufragés tombés du ciel, dont un mécanicien providentiel.


Les esprits rôdent dans les pensées de Kossi, guide et narrateur, qui part seul à pied vers le plus proche village, pendant que les touristes essaient de convaincre Awad de réparer la panne. A son retour, tous ont disparu.
Les chants rythment Pièce africaine, histoire d’une défaillance qui met à jour les tensions au sein de ce groupe d’êtres humains, noirs et blancs, femmes et hommes, réunis par le hasard, et le fait voler en éclats.




De l’écriture vers la scène…


Ceux qui suivent mon travail savent combien cette Pièce africaine m'accompagne depuis longtemps !
Il y a eu, en 1994 une première étape, justement intitulée Étape africaine, sous forme d'atelier-spectacle de sortie à l'ENSATT.
Puis je me suis mise à l'écriture de la pièce proprement dite. Une pièce musicale, qui, à partir d'une situation simple, ferait crisser, grincer, suinter les rapports réels et fantasmatiques entre l'Afrique Noire et l’Europe.
C'est une fable, qui met face à face deux groupes. C'est une pièce construite autour du récit de Kossi, le guide noir et français, qui n'appartient à aucun de ces groupes.
C'est une histoire pour rire et frémir et fredonner ensemble. Puis réfléchir.


Entre 1997 et 2000, plusieurs versions de cette pièce ont circulé. Et, le 28 novembre 2000, treize comédiens se sont réunis pour lire ensemble le texte existant. Il y avait matière ! A désir de théâtre ! Et à travail d'écriture !


Début 2004, je me suis donné le temps de ce travail final d'écriture, j'ai restructuré cette pièce, réduit le nombre des touristes, pour mieux équilibrer les rapports de forces et de séductions.


Aujourd'hui, c'est le texte que je souhaite mettre en scène que je fais circuler, avec conviction.


Fabienne Pralon sera à mes côtés pour la composition musicale et interprétera le rôle si incongru de Marlène, l'accordéoniste. Vous trouverez dans les pages suivantes un texte d'elle exposant ses pistes de musicienne.


William Nadylam, qui a récemment interprété Le Cid de Corneille, dans la mise en scène de Declan Donellan, Hamlet de Shakespaere, dans la mise en scène de Peter Brook, et La servante d'Olivier Py, sera aussi à mes côtés pour cette aventure. C'est une présence qui m'importait particulièrement, depuis que nous avions brièvement travaillé ensemble, lors d'une soirée à l'initiative du Secours Populaire, au cours de laquelle il interprétait une de mes courtes pièces Marianne. Je suis donc très heureuse qu'il s'engage sur le chemin de cette Pièce africaine. Un texte qu'il vient d'écrire vous détaillera ses raisons. Il jouera Kossi.


Fabienne Luchetti, qui depuis tant d'années travaille avec moi, sera aussi de l'aventure. C'est une actrice que je trouve toujours plus lumineuse, étonnante et vivante. Après Une année sans été, Combien de nuits faudra-t-il marcher dans la ville, Tita-Lou, Le temps turbulent et Ah là là! quelle histoire, je me réjouis de lui confier l'interprétation de cette Pièce africaine. Elle jouera Irène.


A ces trois compagnons de route, s'ajouteront neuf comédiens, et toute une équipe artistique. C'est en cours de rêverie, comme on dit. Je préfère aujourd'hui ne nommer que ceux qui ont lu la pièce et se sont clairement exprimé sur leur engagement. Il me semble que je pourrai communiquer les noms de toute l'équipe artistique à la fin 2004.


Pour les interprètes, je travaille à ce que le groupe soit constitué de personnalités fortes, chacune ayant une part secrète, qui évite la toujours possible caricature, lorsqu'on frôle la comédie. Il faut aussi que chacun ait une place exacte par rapport aux autres. C'est cela, je crois, la distribution d'une pièce : poser les acteurs ensemble sur le plateau, comme le peintre pose ses couleurs, afin de trouver le juste rapport.


Juillet 2004
Catherine Anne




La musique : accordéon et percussions…


Dès la première lecture de Pièce africaine de Catherine Anne, j’ai été bouleversée…
J’y ai vu d’emblée une tragédie, puis très vite une comédie tragique. Le choix d’un accordéon comme présence musicale est évident. En effet, le souffle et les multiples couleurs de l’instrument, sa richesse harmonique, peuvent traduire des sentiments et des situations les plus diverses, voire antagonistes, pouvant passer rapidement du drame à la gaieté, de la mélancolie à la peur, de la loufoquerie à la folie, et aussi l’attente toujours latente, une des récurrences de la pièce…
Le fait aussi que l’accordéon soit joué par un des personnages, Marlène, comme prolongement du jeu dramatique, permet une cohérence supplémentaire.


Même s’il y aura une création musicale en amont, notamment pour les chansons, je laisserai Marlène, dont j’interprèterai le rôle, composer instantanément l’univers sonore du spectacle, eu fur et à mesure des répétitions au plateau, laissant les notes, (tirées, frappées, caressées, soufflées), se révéler en fonction du champ magnétique généré par l’espace scénique, les acteurs en situation, la mise en scène, les lumières…


Pièce africaine compte douze textes à mettre en musique, pour être chantés par les personnages, en solo, duos, ou en chœur, soit accompagnés par Marlène à l’accordéon, soit à capella. Ces textes, à vocation de chansons, ont une métrique spécifique à l’écriture de Catherine Anne, métrique parfois alambiquée et pas toujours régulière, ce qui évite l’écueil des conventions du genre. J’ai déjà imaginé une tendance musicale, avec une tonalité définie pour chaque personnage chantant : java pour Benoît, tango pour Maxime , valse d’ Henriette, reggae de Zoé , blues de Fatamouta … Ces musiques seront parfois sous-tendues des différentes percussions d’Afrique, berceau de toutes les musiques actuelles.
Oser la cohabitation de tous ces genres musicaux (même si la plupart d’entre eux est largement métissée), permettrait de rendre compte de la singularité de chacun des personnages, du groupe, et de son évolution dans la pièce.


Faire travailler le chant à des comédiens est toujours excitant, mais demande beaucoup d’exigence. Je composerai leurs chansons en fonction de leurs personnages, tout en m’adaptant à leurs possibilités vocales et leurs tessitures. D’autant qu’il y aura beaucoup de chants à capella. La rigueur de cela impose : souffle, justesse, rythme, crée toujours une magie chaleureuse qui rassemble et dynamise. Ainsi souvent les voix enchantées nous emmènent par-delà le drame.


21 juin 2004
Fabienne Pralon





A propos de Pièce africaine


Peut-être qu’à force de souffrir, on finit par inéluctablement se construire des certitudes.
Des tours autant inébranlables qu’on est fragile.
Des golems tellement hauts qu’ils n’entendent plus le bruit de leurs propres pas.
Ils sont fragiles les Africains qui cuisent sur nos pipelines au Tchad ou au Cameroun.
Au moins aussi fragiles que les Européens frigorifiés dans leur Jeep futuristes qui piaffent dans les embouteillages de nos capitales Sur les affiches qui fleurissent nos murs dès le mois de juin, il y a la plage, le soleil et les cocotiers.
Mais il n’y a pas de noirs.
C’est amusant. les Africains ne le remarquent même pas .
C’est vrai par ailleurs qu’il n’y a pas de raison que l’Afrique soit exotique aux Africains. (Sinon on vendrait l’Afrique aux Africains.) Mais peut-être que par défaut, le sien et le nôtre, l’Africain ne devient plus que soleil et désert, famine et pipeline, pauvreté et sauvagerie.
Tandis que nous devenons travellers cheques et téléphone portable, argent et voiture, technologie de pointe et assurance maladie.
Et l’orgueil, la culpabilité, la honte, la peur, le ressentiment ou la pitié s’échangent en silence dans les deux sens comme une monnaie secrète Et comme d’un inceste, on évite d’en parler.
On ne sait plus comment en parler. Ou alors ça nous fait trop mal.
Et des monceaux d’incompréhension nous encombrent les poumons.
En lisant Kossi, je me suis demandé combien de plaisanteries douteuses il avait dû endurer avec un sourire crispé, combien de lapsus embarrassants, dans combien d’allusions scabreuses il s’était laissé fourvoyer et de combien de degrés il était descendu à chaque fois dans sa propre estime.
Je me suis dit qu’il avait peut-être pris le temps de mesurer le paradoxe d’être né du côté d’ où s’élancent les vacanciers.
D’où on regarde les reportages télévisés.
D’où partent côte à côte, convois humanitaires et charters de sans papiers
Du côté où la douceur du climat fait s’amollir les jolis principes de notre bel age .
Catherine Anne lit ce qui se tait dans nos yeux .
Elle sépare de notre eau ce qui s’y était décanté comme culpabilité, comme peur,comme rancune.
Finalement on peut se regarder en face et parler.


Je suis né à Montpellier et je préfère le fromage au piment, et l’accordéon à la cora.
La Pièce africaine de Catherine Anne me parle à un endroit jusque-là secret.


Juin 2004
William Nadylam

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