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Paris Chéri(es)

Christophe Mirambeau ( Mise en scène ) , Jean-Yves Aizic ( Direction musicale )


: Présentation

La définition de genre « fantaisie-revue » prend sa source au cœur du XIXème siècle, lorsque les théâtres du « Boulevard du Crime » — ainsi nommé parce que le Boulevard du Temple, dans le Paris d’avant Hausmann, où s’étaient installées de nombreuses scènes, était donc l’endroit où se commettait le plus de meurtres tous les jours — présentaient leur « revue de fin d’année » au bout de l’an. On y passait en revue, sous forme de « tableaux » enchaînés constitués de parodies de scènes ou de chansons célèbres, de sketches comiques et mordants, les événements de l’année écoulée. L’unité du spectacle s’établit avec son titre, qui définit le sujet général évoqué dans la revue et auquel chaque tableau se rattache.
Avec le temps, l’arrivée du music-hall et l’évolution des genres spectaculaires, la revue s’est déclinée de multiples façons, comédie ou opérette-revue, revue de music-hall, revue à grand-spectacle, ... La fantaisie-revue est donc un sous-genre de la revue ; les deux mots associés indiquent à la fois la nature de « spectacle à tableaux » de Paris-Chéri(es) et l’humeur qui s’y associe.


Le spectacle Paris Chéri(es) nous emmène donc en balade dans le Paris du siècle dernier, dans un répertoire tout particulier. Racontez-nous.


Je suis spécialiste, dans mes travaux d’histoire, du spectacle musical parisien entre, disons, 1890 et 1950. C’est donc tout naturellement que j’ai plongé dans ce répertoire pour affiner l’idée qui me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps. J’avais envie d’imaginer et d’écrire un spectacle autour du répertoire des chansons polissonnes qui ont fleuri pendant la IIIème République, où la liberté de ton et l’esprit parisien, délibérément coquin, s’épanouissent dans un grand éclat de rire et de sensualité. Des paroles de chanson pleines d’humour et de malice, qui ont contribué à populariser l’image du Paris fantasmatique « Capitale de l’Amour et du sexe », soigneusement mises en musique avec soin par les meilleurs auteurs de chansons du moment. Immédiatement accessibles et séduisantes, amusantes en diable, beaucoup d’entre elles continuent d’être d’un effet purement irrésistible.
Cependant, je ne souhaitais pas offrir à entendre les « tartes à la crème » de la chanson coquine française – que l’on peut entendre assez facilement en tour de chant de cabaret, avec piano. J’avais envie – restant en cela dans la ligne éditoriale des Frivolités Parisiennes comme des Grands Boulevards, qui produisent ce spectacle – de proposer des chansons plus rares, inattendues, subtiles, aussi élégantes qu’étonnantes, savoureuses et musicalement élaborées. Le répertoire « parisien » étant plein de pépites inexploitées, l’occasion était idéale !
Il est sorti de cette exploration une série de chansons, de 1910 à 1954 environ, dont vous me direz des nouvelles ! Car c’est un plaisir inouï que d’avoir trouvé de si chouettes chansons, qui parlent d’amour et de sexe avec beaucoup de liberté sans que pourtant jamais les mots crus habituels ne soient prononcés. Il y en a pour tous les goûts, de la polka à la conga, en passant par le mambo, le fox-trot et la valse, pour les hétérosexuels comme pour les gays, les bi et les lesbiennes ! Un vrai souffle de liberté.


Comment comptez-vous plonger le public dans cet univers ?


Du chic et de la classe ! De l’élégance formelle, la clarté et la sobriété – spectacle musical coquin certes, mais jamais grivois ; polisson mais toujours définitivement élégant. Parisien, en somme !
Je fais confiance au matériel textuel et musical que nous défendons, qui s’interprète tout à la fois avec esprit et sobriété — rien ne s’appuie, tout est champagne. Le public sera certainement séduit par la gaieté, le naturel et l’incroyable liberté de ces chansons — et peut-être se dira, très amusé : c’est fou ! on n’oserait plus écrire ça aujourd’hui !
J’ai conçu ce show « à l’ancienne », c’est-à-dire en utilisant le principe du compère de revue, un speaker qui fait parfois l’interface avec le public, pour introduire les différents tableaux/sections, et bien entendu y participe.
Les chansons sont interprétées en solo ou en ensemble, selon la situation des tableaux que j’ai conçus – et parfois même, on danse ! Caroline Roëlands nous concocte quelques levés de jambes de sa façon.
J’ai voulu un visuel noir et rouge – la couleur de l’amour. Daniela Telle a dessiné et réalisé les costumes : cette grande costumière de cinéma et de théâtre, d’origine berlinoise, est un miracle d’inventivité, de goût et de fantaisie. Les robes de ces dames vont faire des envieuses...
Mais Paris-Chéri(es) n’est pas un spectacle historique, et ce ne sont pas des costumes « typés » d’une époque particulière. Ils sont, comme notre spectacle, intemporels et s’accordent à toutes les époques. Tout comme pour les orchestrations : que j’ai voulu des orchestrations nouvelles plutôt que des restitutions (puisque la plupart des matériels d’orchestre originaux n’existent plus), spécialement réalisées pour le Frivol’Ensemble, dans l’esprit et le goût des chansons présentées — un écrin orchestral cohérent et moderne.


Paris, c’est aussi le luxe, et la présence du Frivol’Ensemble, membre à part entière de cette fantaisie-revue, est pour nous la manifestation du luxe, du vrai luxe. Qui désormais présente un spectacle de type revue avec un véritable orchestre live de 16 musiciens ?


Comment avez-vous procédé pour choisir les artistes de Paris-Chéri(es) ?


Il me fallait de belles et fortes personnalités, des natures drôles, de premier rang, des interprètes au grand savoir faire, qui sachent combiner la voix et l’intelligence du texte, qui puissent à la fois dire avec tout l’esprit et le chic nécessaires, et porter un regard neuf sur les chansons du spectacle - si peu connues qu’il s’agit véritablement de re-créations. Aussi ai-je fait appel à des artistes au talent malicieux qui manient aussi bien la tendresse que l’ironie, avec toute la grâce et la désinvolture requises. Ils sont régulièrement affichés dans les spectacles musicaux des scènes parisiennes et/ou les traditionnelles maisons lyriques.
Charlène Duval est un personnage inoubliable – c’est Paris à elle seule ; vestige de l’âge d’or du Casino, des Folies ou du Moulin, elle représente l’une de ces grandes Impératrices du music-hall qui maîtrisent l’alpha et l’oméga de la chanson, du paraître et du dire. Léovanie Raud, chanteuse au timbre de voix d’une suprême séduction, brille d’un charme incandescent ; élégante et racée, actrice sensible ou mordante, elle fait partie de ce type d’artiste qui vous envoûte et vous marque durablement. Guillaume Beaujolais, solide baryton, est doué d’une vis-comica irrésistible ; interprète subtil et réjouissant, l’on se demande parfois si certaines chansons n’ont pas été écrites naguère, en prévision, expressément pour lui.
Alexis Mériaux représente à mes yeux la quintessence du ténor « de revue », ou « de café-concert » : une superbe voix, un chanteur spirituel, qui marie avec bonheur le charme, le chic et l’éclat. Enfin, Pascal Neyron, brillant comédien au savoir-faire éclectique sera le compère de Paris-Chéri(es).


Jean-Yves Aizic conduira le Frivol’Ensemble ; parlez-nous de lui. Il est directeur musical de Paris-Chéri(es) — en quoi cela consiste-t-il ?


Jean-Yves est un musicien hors-pair, expert de musique contemporaine, de théâtre musical et d’opéra. Eclectique et curieux, il s’intéresse autant à Philippe Manoury qu’à Mistinguett. Nous avons déjà collaboré ensemble à l’occasion de Yes ! de Maurice Yvain la saison dernière avec les Frivolités. Jean-Yves et moi avons par ailleurs déjà signé ensemble de nombreux spectacles, nous sommes de vieux complices ayant la même culture musicale ; Jean-Yves comprend de suite où je vais et ce que je veux, et moi ses exigences et nécessités musicales.
Aussi, son rôle de directeur musical consiste tout à la fois à diriger le Frivol’Ensemble et à assurer l’homogénéité musicale du spectacle. Il est l’un des orchestrateurs de Paris-Chéri(es)– c’est aussi l’un de ses talents – et s’assure d’un point de vue musical de la cohérence de la « ligne éditoriale » que nous avons choisie pour le spectacle, entre les différents orchestrateurs — tout comme Jean-Yves, Antoine Lefort et Mathieu Michard sont parmi les meilleurs de la place de Paris —, mes nécessités scéniques, les tessitures chantées, et mille-et-un détails qui composent à l’arrivée un spectacle musical. Sa vigilance musicale, en regard justement de la cohérence nécessaire à tout spectacle « composite » tel que le nôtre – puisque le show est composé d’un puzzle de chansons venues de différentes sources et périodes – s’exerce à toutes les étapes de la création du spectacle ; il est le garant du style, de la cohérence et de la belle exécution.

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