Le désir de ce spectacle est né d’une découverte familiale, celle de l’histoire d’un grand-oncle, enrôlé de force à l’été 1918 et jeté dans un train en partance pour le front. Comme pour des milliers de ses compatriotes, la mémoire de ce guerrier malgré lui, ne survivra pas au conflit. Plus aucune trace dans les archives, simplement l’ombre d’un soldat devenu un « sans-voix »…
Remontant le fil de la tourmente, Yann-Fañch Kemener s’est plongé dans cette sombre période, collectant tour à tour les souvenirs, les témoignages, les poèmes, les chants et les photographies de l’époque. Les carnets de notes du soldat Gaston Certain, les photos jaunies d’Yves Troadec, les correspondances de Louis Guilloux nous parlent du quotidien de ces soldats, des brimades des gradés de la caserne à l’encontre des bretons souffre-douleur, mais aussi de la faim, du froid et de la mort qui rôde, omniprésente.
« Raconter la vie de quelqu’un, c’est toujours lui redonner une certaine dignité » nous rappelle le chanteur. Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, il nous invite à suivre son héros, perdu dans les décombres de la civilisation. Accompagné par le flûtiste Sylvain Barou, en français ou en breton, Yann-Fañch Kemener dessine un voyage musical poignant, au moment des célébrations du Centenaire de la Grande Guerre.