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Mamma Medea

+ d'infos sur le texte de Tom Lanoye traduit par Alain Van Crugten
mise en scène Christophe Sermet

: La Pièce

Dans cette Medea flamande que le Rideau décide de créer en français en ouverture de saison, Tom Lanoye va aux origines du mythe. En bon fils de boucher, il le passa au moulin à viande pour le triturer et le cuisiner à sa façon. Il va chercher la jeune Médée encore vierge de tout -crimes et amours- au fond de sa Colchide natale. Il puise pour cela dans Les Argonautiques du poète grec Appolonios de Rhodes (295-215 av. J.-C.).


Il saisit le futur couple infernal Jason et Médée au moment de leur rencontre. Il réduit l'ample épopée de Jason et de ses Argonautes ainsi que la résolution de la quête de la fameuse toison d'or et n'en garde que la substance très concentrée. Comme chez Shakespeare (que Lanoye a abondamment pratiqué en réduisant les pièces de guerre pour Luk Perceval dans Ten oorlog) tout est dans la langue. L'oralité, le discours, la verve fait avancer le récit mythologique, en une langue affutée et charnelle.


Entre antique et contemporain, Lanoye décide de ne pas trancher et choisit plutôt de les confronter. Mamma Medea fut écrit à l'origine pour un couple d'acteurs dont la femme est flamande et l'homme néerlandais, les barbares colchidiens parlent un «flamand» en vers, tandis que les grecs civilisés s'expriment en un «hollandais» plat et prosaïque.


Empêcheur de penser en rond, épine dans le pied des nationalistes, Lanoye ne se contente pas d'adapter une énième fois un des mythes les plus fascinants de la mythologie occidentale, il se l'approprie franchement pour faire du choc des cultures au sein d'un couple la matrice de toutes les guerres civiles. Ce n'est pas par hasard que Lanoye cite Qui a peur de Virginia Woolf en exergue de son texte. Car pour se faire la guerre, il faut être deux. Deux groupes ethniques, deux groupes linguistiques, un père et une mère... avec des enfants. Des petits bâtards, donc...


Rien n'ennuie plus Tom Lanoye que ce qui est considéré comme racialement, socialement, linguistiquement pur. Vive la mixité, le mélange, le croisement, l'impureté !


Tout est scission dans Mamma Medea, tout y est subtilement à l'équilibre. Entre homme et femme, bien sûr, entre sauvagement passionnel et raisonnablement civilisé, entre tragédie et comédie, antique et contemporain, épique et dramatique, versification et prose. Une pièce contemporaine baroque. Une pièce baroque contemporaine.

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