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Les Reines

mise en scène Philippe Sireuil

: Storm clouds over London

La scène est à Londres. La neige s’abat sur la Tamise, manteau tempétueux et glacial étouffant les rumeurs des humbles et les manigances des puissants.
Un homme agonise au palais, un deuxième s’enlise dans les égouts, un troisième terrorise dans les coulisses.
Edouard, Georges, Richard.
Entre cette trinité machiste qui restera d’un bout à l’autre de la pièce invisible à nos yeux -, piétinant la scène entre les salons où se mire le pouvoir et les entrepôts où s’égarent les progénitures chéries, six reines : Anne Warwick, Isabelle Warwick, Anne Dexter, la Reine Elisabeth, la Duchesse d’York, la Reine Marguerite, soit quatre femmes échappées de Shakespeare et de la généalogie des monarchies britanniques, et deux nées de l’imagination fertile et narquoise de Normand Chaurette.
Les voici devant nous, offertes à la pâture de notre regard, obsédées par la disparition qui les guette, « monstres - ainsi que les définit l’auteur luimême - faillibles, amputés, d’une main, d’une couronne, d’une joie, d’une chevelure ».
Elles sont là, - cris et grimaces, plaintes et rugissements, chuchotements et invectives, générosités et violences, maternités blessées, rêves et cauchemars -, épouses, mères, soeurs, et filles, qui attendent, se trompent, se déchirent, errent, mentent, se mentent, s’inventent des départs, s’humilient, égarent des enfants, pleurent, maugréent, se perdent, éructent, menacent, tentant en vain d’infléchir une histoire qu’elles ne contrôlent pas, entre un passé dont elles ont été dépossédées et un futur qui signera leur ultime effondrement.
Nous sommes en 1483, mais il s’agit d’un temps outragé, dilaté, qui conduit ces femmes jusqu’aux rives de notre siècle.
Point de reconstitution historique ici - l’écriture traverse Shakespeare et l’histoire, l’absorbe et s’en détache -, seulement l’exposition d’un monde imaginé comme seul le poète peut en faire éclore, où une reine peut faire un voyage de plusieurs mois dans le cours d’une seule journée, et une muette se mettre à parler, dans une langue riche et charnue qui mêle lyrisme et trivialité, burlesque et pathétique.

Philippe Sireuil

novembre 2010

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