Invité du Centre Dramatique de Haute-Normandie qu’il dirigea durant une vingtaine d’années, Alain Bézu présente du 10 au 14 mars 2015, une adaptation théâtrale du Rêve de d’Alembert (1769), spectacle qui va ouvrir un cycle de Laboratoires mis en place par David Bobée, directeur du Centre Dramatique National à Rouen.
Pour la distribution, Alain Bézu s’est entouré d’une partie de ses fidèles qu’il s’agisse de Luce Mouchel, Olivier Saladin, Vincent Berger, Hervé Boudin ou encore du claveciniste Philippe Davenet.
Par ses écrits sur le théâtre indissociables de son œuvre dramatique proprement dite, Diderot accompagne depuis toujours les choix de mise en scène d’Alain Bézu.
Structuré en trois temps, ce dialogue philosophique associe un prologue Entretien entre d’Alembert et Diderot à la pièce Le Rêve de d’Alembert expérimentant le projet. En 3ème partie, l’épilogue Suite de l’entretien en définit la portée sociale.
Texte visionnaire contestant l’existence d’un ordre dans le monde et celle de l’existence d’un Dieu, Le Rêve de d’Alembert revêt des aspects de modernité par la forme d’errance qui le caractérise, passant d’une idée à l’autre, jubilant du provisoire et de l’inconstance.
Dans Le Rêve, les propos galants entre le Dr Bordeu et Julie de Lespinasse se mêlent aux réflexions sérieuses sous forme de dialogues alertes et la quête intellectuelle s’érotise dans un jeu de surprises.
Moyen de pensée et façon d’être, l’usage du dialogue chez Diderot propose une démarche philosophique séduisante plaçant le lecteur au centre d’un va-et-vient de réflexions permettant d’échapper au dogmatisme.
Sous la forme d’une conversation pleine d’ironie, Le Rêve de d’Alembert s’impose comme un texte fondateur de la pensée matérialiste. Ne délivrant ni message, ni leçon, Diderot ouvre ici les possibles du sens avec enthousiasme, sensibilité et intelligence.