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Le Ciel dans la peau

+ d'infos sur le texte de Edgar Chías traduit par Boris Schoemann
mise en scène Anaïs Cintas

: Note d'intention

Ta ville, ce panorama intense, ouvert, vaste, cette blague burlesque, c’est chez toi. Ta ville c’est la maison de la peur, l’endroit où tu dors et où ils ont tué l’autre, toutes les autres, tellement d’autres qu’on ne les compte plus. Ça sert à rien de compter.


Edgar Chias utilise la narration scénique ou plus exactement la rhapsodie pour la scène, cette tradition de transmission orale des histoires depuis la nuit des temps pour éclairer l’histoire contemporaine, comme un miroir du passé qui éclaire le vivant. Dans le ciel dans la peau, l’interprète n’est pas seulement une jeune femme en train de mourir, ses agresseurs ou le personnage principal de l’histoire qu’elle lisait dans le bus mais incarne aussi le rhapsode, ce chanteur de poèmes populaires, LE conteur dramatique. Lorsque l’on a compris cela on comprend alors les multiples références à Shéhérazade dans les mille et une nuits : la jeune fille mourante doit, c’est vital, nous raconter son histoire, c’est la seule façon pour elle de rester en vie, de se raccrocher au réel. Les multiples allers et retours dans le passé prennent sens et pose la thèse du Ciel dans la peau : rien ne change, rien n’a changé ; les femmes du temps du roi Salomon jusqu’à aujourd’hui au Mexique et partout dans bien des endroits du monde sont dominées, utilisées (petit clin d’œil à Franca Rame) chosifiées.


Notre résidence au TNP nous a permis de découvrir cela et d’aller plus loin que la lecture que nous avions donné à l’Élysée un an auparavant. Au plateau nous avons du répondre aux défis que pose la pièce. Il y a non seulement urgence à raconter l’histoire de cette femme qui lutte contre la mort mais il y a ce lien constant avec le public grâce au travail du conteur. Le quatrième mur apparaît et disparaît et le public n’est pas passif mais témoin concerné de ce dont parle en sous texte Edgar Chias : la violence, le machisme et la misogynie de la société qui perdure au 21ème siècle. L’importance du choix des mots est primordiale, la pièce est écrite à la deuxième personne. Jamais le « je » n’apparaît. L’identification, la mimésis aristotélicienne est donc impossible.


Notre parti pris ? Qu’une interprète seule au plateau joue tous les personnages, invente tous les lieux et fasse sans cesse le lien entre fiction et réalité, entre narration dramaturgique et adresse directe au public. Pour nous Le ciel dans la peau ne peux se jouer que dans la tête de la jeune fille qui meure des suites de son agression et la scénographie est son espace mental « où se découpent, brillants et nets les objets qu’inventent le délire de ta mémoire cassée ». C’est pourquoi nous avons voulu nous appuyer sur quelques petits accessoires et axer le travail sur le symbole, le suggéré et la performance physique. D’un tas de terre sortent les ordures du quotidien : c’est l’espace de l’agression, de l’agresseur. Encore une fois la terre, rapport organique à l’écrit lorsque la jeune femme « se regarde regarder sa mort ». Un pupitre référence musicale fait le lien entre le public et la comédienne. Le bus est seulement suggéré tandis qu’à la télé passe un énième télénovelas fatigué de dire les même lieux communs. On est au théâtre.

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