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Le Chaperon rouge de la rue Pigalle

mise en scène Stéphane Arcas

: Présentation

Après avoir rencontré le loup trop jeune, Cathy tombe dans la prostitution. Vêtue de son manteau rouge, elle arpentera, soixante ans durant, le trottoir de la rue Pigalle où Florence Hebbelynck la croise et découvre son histoire. En se racontant, Cathy se sublime chaque fois selon son interlocuteur, devient actrice de sa vie, se construit dominante plutôt que dominée, sa voix profonde et son élégance laissant dans leurs sillages, mensonges et silences. Et c'est au travers des mots de Cathy repris sur un magnétophone, de l'incarnation des souvenirs et des allers-retours entre les existences d'une prostituée et d'une actrice, qu'émerge le projet d'un spectacle.


Note d'intention :


En 2002, je vis et travaille à Paris comme comédienne. Dans ma rue, à Pigalle, je côtoie Cathy, une prostituée de 67 ans, qui haut de son mètre cinquante trois, bravait tous les temps, vêtue de son manteau rouge. C’est la raison pour laquelle mon fils, à 3 ans, l’avait surnommée « Le Petit Chaperon rouge. » Un jour, elle me permet de l’enregistrer et me raconte sa vie. En 2018, je retombe sur cet enregistrement. Faire un spectacle sur cette femme, me parait urgent et évident. Parce que ce Pigalle-là a changé et que les témoins disparaissent. Et parce que dans cette période « metoo » où la parole de la femme s’est enfin libérée face à la domination masculine, le parcours de Cathy, qui a toujours refusé cette domination, est très singulier.


Cathy ayant disparu de son bout de trottoir, je pars à sa recherche. Le Chaperon rouge de la rue Pigalle est le récit de cette (en)quête. En chemin, des personnes qui l’ont connue me parlent d’elle et ajouteront des morceaux au puzzle inachevé de sa vie. Essayant de saisir cette femme mystérieuse et paradoxale, les interlocuteurs que je trouve sur mon chemin me racontent chacun « leur Cathy. » Leur perception de sa vie. Leur regard sur la prostitution. En la racontant, n’est-ce pas une part d’eux-mêmes qu’ils racontent finalement ? Moi aussi, je me raconte sans doute dans ce spectacle. Pourquoi cette Cathy m’a touchée ? Est-ce qu’on a quelque chose en commun ?


Ce que j’ai ressenti et ce dont j’ai envie de parler, c’est la lutte constante qu’a menée cette femme, entre déterminisme social et quête frénétique de liberté. Et surtout, comment se réapproprier son histoire en la racontant.


Pourquoi les histoires vraies, qu’on raconte, deviennent-elles fiction ? Pourquoi se raconter différemment en fonction de l’interlocuteur ? Peut-on parvenir à percer le secret de l’autre ?


Sa beauté était une des armes de Cathy. Mais aussi une preuve de sa valeur. Le proverbe latin Mulierem silentium ornat (le silence orne la femme) a donné l’injonction séculaire faite aux femmes : « Sois belle et tais-toi. » On peut y opposer le mot célèbre de Socrate : « Parle afin que je te voie. » Dans ce spectacle, il s’agira de parler du féminin et de la difficulté pour une femme de vouloir être belle et de ne pas vouloir se taire.

Florence Hebbelynck

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