« Vois comme je me suis fait beau pour toi, Agathon, car je désire être beau pour aller chez un beau garçon ! » dit Socrate.

Le Banquet est le récit d’une célèbre soirée qui a lieu chez le bel Agathon. Pris par le délire de la philosophie, l’hôte et ses invités décident de rendre hommage à Eros ; chacun prononce un éloge de l’amour. Ils s’allongent sur des lits, boivent et parlent de la plus belle des façons et avec la plus grande des libertés de l’amour et de la beauté ; ils font des rêves de républiques qui n’existent pas. C’est alors qu’Alcibiade, ivre, et épris de Socrate, vient troubler la soirée… Le Banquet est, parmi les dialogues de Platon, le plus célèbre, le plus audacieux et peut-être le plus séduisant. En adaptant cette œuvre, j’ai souhaité faire entendre sa dimension littéraire et théâtrale. La construction est originale, les personnages hauts en couleur, la langue est un réel divertissement de l’esprit ; ici règnent le raisonnement, l’art de la rhétorique et de l’éloquence ; le plaisant et le sérieux. Composé aux alentours de 375 avant J.-C., Le Banquet reste d’une grande modernité de par l’insolence de sa pensée et les réflexions qu’il soulève. N’oublions pas qu’Eros signifie, chez Platon, l’amour des garçons. Aujourd’hui, des pays répriment, emprisonnent et tuent encore des gens pour leur sexualité. Au-delà d’une philosophie de spécialistes et d’érudits, il y a des questions que les hommes se posent depuis la nuit des temps : qu’est ce que l’amour ? La mort ? La vérité ? etc. Loin d’être abstraits, ces questionnements sont profondément ancrés dans notre existence, ainsi et paradoxalement, la philosophie nous est donc plus familière que l’on ne le pense.

Christine Letailleur