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Le Balcon

Damien Bigourdan ( Mise en scène ) , Maxime Pascal ( Direction musicale ) , Françoise Morvan ( Livret ) , Peter Eötvös ( Musique )


: Note d'intention

En 2008, Maxime Pascal, chef d'orchestre, Florent Derex, ingénieur du son, et Alphonse Cemin, pianiste, accompagnés de trois compositeurs, fondent leur ensemble musical. Ils choisissent de le baptiser du nom de cette oeuvre cruciale du théâtre français – l’on devrait dire du théâtre universel – Le Balcon de Jean Genet. Leurs intentions, leurs désirs, leurs engagements artistiques se positionnent ainsi d’emblée à l’endroit du récit, de la parole, et pourquoi pas du simulacre, en tout cas tel que l’entendait Jean Genet. L’essence de cet ensemble musical réside en son nom même. Travaillons à expliquer cela...


Le Balcon, cette maison d’illusions d’une Madame Irma mère maquerelle diseuse de bonne aventure ou prêtresse travestie, ce bordel, ce claque où le postier, le cadre supérieur, le flic, le citoyen lambda, comme on le nomme souvent, viennent littéralement incarner, le temps d’une passe théâtralisée, le temps d’un jeu érotique burlesque, les figures du pouvoir, de l’autorité, ou de la religion ; ce Balcon pose à la société dans son ensemble, par la verve et le verbe acérés – mais délicieux – de Jean Genet, la question pure du simulacre, de son utilité, de son absolue nécessité peut-être, de ses absolus bienfaits, et de son lien évident avec l’Eros. Bousculant toute moralité, Jean Genet se risque à des questions essentielles rarement posées. Jouir n’est-il pas incarner ? Incarner n’est-il pas jouir ? Plus simple encore : jouir n’est-il pas jouer ? Jouer n’estil pas jouir ? L’Image de la fonction ne porte-t-elle pas, en elle seule, la fonction ? Le Juge, le Général ou l’Évêque n’existent-ils pas surtout par la robe, le sabre, et la mitre ? – mais rutilants bien sûr ! – N’attendons-nous pas avant tout de la société que sa représentation soit réussie ? D’où naît la révolte contre les puissants ? Des mensonges qu’ils scandent, ou de leur incapacité à scander convenablement ces mensonges, de l’étroitesse de leur prestance ?


Ces questions fondamentales de Jean Genet face au public n’attendent pas de réponses arrêtées, définitives – y en aurait- il vraiment ? – mais donnent, le temps d’une oeuvre, la possibilité d’y réfléchir (donc de s’y voir, de s’y mirer), et de reprendre, de retrouver le théâtre comme ce dernier lieu commun d’évasion, de fantasme pur, d’émotion épidermique et brute, de l’imaginaire en partage, du spectre des possibles. De se réapproprier le théâtre comme ce bien commun soignant nos plaies, manipulant nos imperfections comme un masseur nous dénoue, frôlant nos souffrances, nous convainquant de notre beauté, faisant encore de nous des héros ou des dieux… Les artistes de scène nous portent sur les tréteaux de l’Inquiétude, s’enrobant de nos anecdotes. Madame Irma monnaye l’oubli dans ses Salons…
Voilà les explications de ce choix, comme d’un manifeste fondateur, que l’ensemble Le Balcon détient en son baptême – osons le mot ! – Son désir premier, l’essence de son existence, l’originelle sentence de sa charte artistique : chacun de ses concerts doit détenir un conte, feuilleter un livre d’images et de sons, animer une peinture d’harmonies, raconter une histoire.


Cinq années de fondations, de bâtis, et de renforts ; et Le Balcon s’est entouré, diversifié, complété, aguerri… Il poursuit sa marche assurément, dans un temps où le maintien en vie d’une compagnie artistique relève de l’exploit. Patrice Martinet, directeur du merveilleux théâtre à l’italienne de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet, a eu l’audace lors de la saison 2012-13 d’accueillir l’ensemble en résidence, et celle-ci fut récompensée notamment par une admirable et retentissante production de l’opéra Ariadne auf Naxos Richard Strauss en mai 2013. Cette résidence fut reconduite pour la saison 2013-14, et l’équipe artistique du Balcon proposa dès lors spontanément et naturellement de créer, entre autres, l’oeuvre dont il emprunte le nom : Le Balcon. L’opéra de Peter Eötvös, tiré directement de la pièce de Jean Genet, d’une grande fidélité dramaturgique et d’une formidable richesse musicale, est une oeuvre récente (2001), or Le Balcon est également connu aujourd’hui pour être spécialiste dans l’interprétation de musiques dites contemporaines. Cet opéra s’inscrit parfaitement dans les capacités artistiques et techniques actuelles de l’ensemble.


Pour cette nouvelle production, dix ou onze artistes lyriques seront choisis suivant deux critères primordiaux : l’animation du chant et l’incarnat du rôle. L’avènement du discours de chaque personnage sera indispensable. L’ensemble comptera une quinzaine de musiciens, qui seront tous très attendus pour édifier une acoustique singulière du Grand Balcon de Madame Irma au travers de la partition d’Eötvös. Ils ne pourront être simples exécutants ; ils appartiendront au récit. Notre mise en scène usera de tout ce qu’elle aura à sa disposition (costumes, maquillages, lumières, figuration, accessoires, artifices…) pour transformer l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet en ce lieu d’illusions, de plaisirs, d’expressions des sens. La scène, la salle, le hall, le foyer, le bar, tous les lieux seront utilisés pour conduire le public au pays du trouble des perceptions dès son franchissement des portes du théâtre. Le Balcon de Peter Eötvös s’emparera de l’Athénée comme le coucou usurpe la couvée d’autrui…


Le Balcon se doit de créer Le Balcon !

Maxime Pascal, directeur musical / Florent Derex, projection sonore / Alphonse Cemin, chef de chant

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