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La Peur

+ d'infos sur le texte de Armel Roussel
mise en scène Armel Roussel

« J’ai envie d’explorer comment la peur construit la société. La peur dans tous ses aspects, multiples et contraires : peur d’aimer ou de ne pas être aimé, peur de la mort ou... de la vie. Comment, à cause de la peur de ne pas être accepté, on met en place des mécanismes inconscients qui, au final, nous empêchent d’être libres. »
Armel Roussel


Frein puissant de nos actions ou moteur aussi vicieux qu'obscur de nos comportements, la peur est un beau sujet de théâtre et le carburant de nos sociétés en crise. Désireux d'explorer "comment la peur, dans tous ses aspects, multiples et parfois contraires, conduit ou même construit la société", Armel Roussel s'en empare avec la fraîcheur formelle et la profondeur dramaturgique qui animent son théâtre depuis des années. Dans La Peur, nous sommes plongés dans le quotidien d'hommes et femmes visiblement enfermés dans une sorte de camp de rééducation comportementale. Un quotidien rythmé par des protocoles huilés, mécaniques, répétitifs, sous la surveillance d'un gardien qui semble tout autant enfermé que les autres dans cet étrange bâtiment en ruine. On pèle des patates, on tricote, on va à la pêche aux oeufs, on s'exerce à l'obéissance civile sous télé-surveillance. Mais parfois, quand vient la nuit, on bascule. On fait l'amour, on joue du piano, on danse dans une boîte de nuit qui ressemble à Auschwitz, on construit une bombe, on pleure, on se confie à une caméra de sécurité.
S'intéressant assez peu, ou par petites touches impressionnistes très réussies, à l'aspect purement "phobique" de la peur, Armel Roussel plonge au coeur de son sujet. Et malgré, ou à cause de, l'aspect inquiétant de celui-ci, il le fait avec beaucoup de joie et une drôlerie de tous les instants. Il nous parle d'obéissance et de désobéissance, des ressorts qui nous font vivre une autre vie que la nôtre, une vie construite par les autres, conditionnée par la société.
Il nous parle de la peur ultime: celle de ne pas être. Il explore la manière dont nous mettons en place ces mécanismes inconscients qui nous empêchent d'être libres et comment nous tentons de nous en défaire.
Comme dans sa création collective précédente, Si Demain vous déplaît, Armel Roussel s'appuie sur une introduction et une conclusion aussi esthétiquement réussies que percutantes pour impliquer complètement son spectateur dans un spectacle qui ne ressemble à aucun autre, un tourbillon festif à la lumineuse énergie, traversé d'instants de pure folie douce, de fulgurances textuelles, de moments d'émotion à couper le souffle, d'un onirisme délicat.
Et, mieux encore, il parvient au final à délivrer un message qui, lui, n'a rien d'anxiogène. N'ayez pas peur de La Peur : Armel Roussel est visiblement un homme d'espoir, qui semble croire en l'Homme, à travers tout. Le metteur en scène désirait construire "un spectacle en santé sur un monde malade".
Il l'a fait.

Pierre Morel

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