: Note d’intention
Une femme. Un homme. Ces deux-là se sont aimés, ont
formé un couple, se sont mariés pour faire «comme tout le
monde». Le temps, ses affres et ses tentations ont suivi leurs
pas, jusqu’à les perdre et les faire choir. Elle, Anne-Marie,
a voulu le suicide, lui, Michel, le meurtre. Puis, ils se sont
séparés, dans le fracas des cris et des vêtements jetés par
la fenêtre. C’était avant-hier. C’était hier.
Aujourd’hui les a réunis de nouveau, au tribunal, pour entendre
leur divorce prononcé. Une dernière fois, dans la nuit
d’un hôtel de province où ils sont descendus avant de regagner
leurs «autres» respectifs, ils vont chercher à se parler,
tenter de comprendre l’énigme qui les a amenés à la perte,
au désastre de l’autre. Cris et chuchotements, sourires
forcés et fous rires subits, sanglots étouffés, désir de comprendre
et refus de savoir, haine et sottise, mots arrachés
au silence pour faire taire le silence, pour retarder l’ultime
moment du départ où plus rien, jamais, ne pourra être dit.
La pièce prévoit la rencontre dans le hall de l’hôtel, le spectacle
la déplace dans un couloir sans issue, conviant ainsi le
spectateur à assister comme témoin malgré lui d’un couple
se séparant ; d’assister à cette rhétorique du désastre
amoureux, au ballet des figures imposées de la désespérance
; à vivre, comme par effraction, cette joute ultime où
il viendra sans être vu, comme un voyeur de hasard, où un
client de peep-show, pour mieux entendre ce qui se dit,
mais aussi ce qui est tu.
Philippe Sireuil
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